Chapitre 8 : Art de la guerre, Dynastie et Tatouage de débile
— Plus vite bande d’idiots, si je manque le rendez-vous je vous livre aux Perses ! hurla Kassandra aux rameurs qui redoublèrent d’effort.
Son navire voguait à toute vitesse vers Corinthe, comme si Poséidon lui-même permettait aux vagues de pousser le navire qui filait droit vers sa cible.
— J’enrage, dire que si je n’avais pas été retenue sur le front pour ces idiots de rois Spartiates j’aurais pu en profiter plus longtemps.
Kassandra ayant retrouvé sa mère avait décidé de retourner à Sparte, sa patrie, pour récupérer sa demeure familiale. Chose tout à fait normale si elle n’était pas frappée d’interdiction par la cité de son grand-père. Elle avait décidé avec sa mère qu’aucun homme, fût-il roi, ne l’empêcherait de vivre là où elle était née. Forcément à force de côtoyer des hommes et des femmes illustres, des génies de la politique, de la médecine etc. rencontrer 2 roitelets idiots, imbus d’eux-mêmes et incompétents politiquement changeait la donne.
Kassandra fut, un temps, tentée de les tuer tous les deux, de s’autoproclamer Reine de Sparte et de donner la chasse au Culte et à son taré de frère avec toute l’armée Spartiate. Elle avait pensé aussi à faire pendre la partie attardée de son arbre généalogique c’est à dire son beau-père le spécialiste de l’éducation et son demi-frère activiste féministe (une belle paire de débiles ces deux-là) mais sa mère lui avait dit que pour réussir un coup pareil, il faudrait avant tout faire évoluer le droit des femmes. Ce qui n’était pas tout à fait gagné à ce jour. Sauf sur une île perdue du nom de Themy… chose ? (note du barde : si t’as pas la ref, c’est chaud)
Kassandra décida donc de plier l’échine (en grognant) et de s’attaquer aux taches royales. Elle partit sur le front pour aider son incap… son demi-frère aux talents encore en développement. Elle permit, avec ses hommes, de retourner le court de la bataille qui fut rude, même pour elle. Et manqua une fois de plus de subir un sort funeste quand Stentor, dit l’idiot, décida que Kassandra n’était plus utile à sa cause. C’est Nikolaos qui vint détendre la situation.
Kassandra dut garder en mémoire qu’elle devait un service au vieil homme, ce qui l’enrageait. Mais aujourd’hui ce n’était pas pour assassiner quelqu’un ou faire la guerre qu’elle hurlait à ses marins de se dépêcher, c’était pour un pari, un pari qu’elle avait gagné. Mais, si les marins ne ramaient pas plus fort, elle risquait de ne pas en voir les gains. Bientôt Corinthe fut en vue, elle regarda le ciel, le soleil avait dépassé son Zénith depuis peu. Il lui restait encore un peu de temps.
1h plus tard, son navire à peine à quai, elle sauta par-dessus bord et se précipita dans les rues de Corinthe. Bousculant tout sur son passage, forçant sur ses réserves, courant de toutes ses forces comme si Cerbère était à ses trousses. Alcibiade lui avait dit où le trouver : une villa non loin du centre de la ville. Elle y parvint enfin, à bout de souffle. Elle regarda un cadran solaire, l’après-midi était avancé mais elle était là, à temps.
Kassandra reprit son souffle, la sueur perlait de son front à la base de sa gorge, heureusement qu’elle portait sa cuirasse et non une tunique légère, elle aurait pu se faire arrêter pour attentat à la pudeur avec toute cette eau que son corps rejetait. Elle frappa à la lourde porte, un serviteur lui ouvrit, elle se présenta et prévint qu’on l’attendait. On la fit entrer dans une villa plus modeste que celle de la dernière fois. Elle entendit un grognement sourd dans la pièce d’à côté. Elle s’y dirigea quand elle entendit un éclat de rire, un rire bien connu.
— TOI JE TE PRÉVIENS QUE SI JE TE TROUVE SUR LES REMPARTS D’ATHÈNES JE ME SERVIRAIS DE TES TRIPES COMME D’UN LASSO POUR ATTRAPER UN CHEVAL.
— Oh mon tout beau comme tu y vas, je n’allais quand même pas te laisser habillé comme un rustre pour accueillir notre chère Kassandra. On me dit que ses actions sur le front ont été couronnées de succès et qu’elle est en route pour… ah ? Elle est là ? Faites-la venir !
Kassandra entra dans la pièce, se figea, puis, se retenant au mur, hurla de rire devant la scène. Brasidas était vêtu d’un pagne autour de son bas-ventre ne laissant pas grande place à l’imagination (pour le plaisir d’Ae…de Kassandra) pour le reste du corps il était recouvert de pigments et plusieurs couleurs, le faisant ressembler à ce qu’on appelait communément chez les grands propriétaire Athénien et Spartiate : un travailleur… du corps. Mais la posture de Brasidas, son attitude et l’ensemble du personnage entraient tellement en décalage que le voir dans cet accoutrement semblait irréaliste.
— Content que ça te plaise Kassandra, grogna Brasidas.
— As-tu vraiment passé ces 15 derniers jours dans cette tenue ? demanda-t-elle hilare.
Alcibiade eut un petit rire satisfait.
— Non je suis un hôte de goût. Certes, les vêtements ont été optionnels mais je l’ai surtout initié à mon style de vie. Et il n’a pas été que spectateur si tu vois ce que je veux dire…
Kassandra cessa de rire d’un coup
— Pardon ?
— Attends ! intervint Brasidas sentant la crise arriver. Je ne l’ai pas suivi dans ses fêtes, si on peut appeler ça comme ça, il parle de moment où… eh bien, on a un peu bu.
Kassandra haussa un sourcil.
— Ne m’as-tu pas dit que tu avais ralentis ta consommation d’alcool ?
— J’ai pas eu le choix c’était soit les orgies soit l’alcool, j’ai de la chance cet idiot était encore plus aviné que moi, il n’a pas eu la force d’écrire sur moi.
— Pas d’invitation pour les perses à se dénuder ? demanda Kassandra en riant.
— Connaissant cet idiot je suis sûre qu’il aurait marqué quelque chose du genre « À mort Sparte vive Athènes ! » sur mon torse avant de me laisser devant l’Acrocorinthe.
Kassandra hurla encore de rire, chose plutôt rare et surtout terrifiante.
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le lendemain
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Kassandra se réveilla avec un mal de crâne virulent, elle roula sur elle-même et regarda aux alentours pour essayer de comprendre où elle était.
À première vue, elle était dans la maison d’Alcibiade, vu qu’il était non loin… nu, avec des écritures sur le torse. Elle reconnut, avachi dans un coin de la pièce baignant dans une substance peu rassurante, Brasidas lui aussi dénudé… À moitié seulement… Hélas. Il était également recouvert d’écritures. Kassandra se releva au prix d’un effort héroïque et s’observa. Dieu merci elle portait encore ses vêtements, mais quelqu’un avait quand même réussi à marquer au charbon sur ses bras, en gros : « BRASIDAS POUR LA VIE ». Kassandra hocha la tête satisfaite. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que sur ses jambes était écrit également « ALCI AUSSI ».
Brasidas se réveilla peu après et en se relevant permit à Kassandra de lire sur son torse « LES SPARTIATES SONT IMPUISSANTS » et quand il se retourna son dos arborait « MAIS ILS ONT UN JOLI PETIT » de toute évidence il manquait de la place pour confirmer ce qui sautait aux yeux de tous quand Brasidas se baignait en public.
Finalement, curieuse et s’armant de courage face à la nudité de l’athénien elle lu sur le corps d’Alcibiade « ATHÈNES EST UNE PETITE PERSE ». Kassandra tenta de rire mais son mal de crâne l’en empêcha. Quand finalement les trois compères furent tous à peu près éveillés, Kassandra posa la fameuse question.
— Mais il s’est passé quoi hier soir ?
Alors qu’Alcibiade allait répondre quelqu’un frappa avec force à la porte.
— ICI LA GARDE DE CORINTHE SORTEZ TOUT DE SUITE VOUS ÊTES EN ÉTAT D’ARRESTATION.
Kassandra ferma les yeux et se massa l’arête du nez par lassitude.
— ALCIBIADE, hurla-t-elle malgré son mal de crâne. QU’AS-TU ENCORE FOUTUS ?