Le Veilleur, Volume 4

Et maintenant ?

Szordrin ouvrit difficilement les yeux. Il avait perdu connaissance après avoir quitté le service d’Azura. Mais que s’était-il passé ensuite ? Le dunmer se redressa douloureusement. Il était sur un lit, couvert de bandage, dans une maison de pierres. Personne en vue mais plusieurs bûches brûlaient dans la cheminée et une marmite était suspendue au dessus dégageant une délicieuse odeur. Szordrin s’assit sur le lit, il constata que ses affaires étaient posées à côté.

Soudainement, la porte d’entrée s’ouvrit. Un nordique d’une quarantaine d’années, portant une barbe noire fournie, entra dans la maison, d’autres bûches dans les bras.

– Ah ! Vous êtes réveillé, constata l’homme.

– Il semblerait, répliqua l’elfe noir. Qui êtes-vous ? Et comment je me suis retrouvé ici ?

– Benor vous a trouvé dans les marais, couvert de blessures et proche de la mort. Il vous a ramené ici, à Morthal, répondit le nordique. Pour être totalement honnête, on avait plus l’intention de vous achever, d’autant plus que vous avez l’air maudit, mais Jonna est intervenue. C’est elle qui vous a soigné et vu qu’elle avait plus de place, elle m’a demandé à vous garder chez moi. On peut rien lui refuser… on aurait tous peur de se prendre une peignée.

“Maudit” ? Que voulait-il dire ? L’elfe noir se regarda dans un miroir proche du lit. Il comprit vite. Ses anciens tatouages, offert par Azura, avaient changés et ressemblaient maintenant à de légères coulées de sang qui ne séchaient jamais. Szordrin prit ensuite le temps de récapituler toutes les autres informations que venait de lui donner son hôte… qui ne s’était toujours pas présenté.

– Merci, finit par lâcher l’elfe. Et vous ? Votre nom.

– Jorgen, répondit le nordique.

Le dénommé Jorgen servit un bol de soupe et l’apporta au dunmer. Ce dernier mangea en remerciant d’un signe de tête.

– Je vois bien que ma présence ne vous enchante guère, je vais partir, déclara Szordrin en commençant à s’équiper.

– Vous pouvez pas, il fait nuit. Et Jonna ne voudrait pas que je vous laisse partir dans cet état. Restez au moins dormir cette nuit.

Le ton n’était nullement compatissant, mais la fameuse Jonna devait avoir de l’influence ici. L’elfe se résigna à rester encore une nuit.

Après avoir mangé, Szordrin s’allongea et tenta de dormir… sans succès. Les derniers événements lui restaient en tête. Il ne servait plus Azura maintenant alors que faire ? Il se souvint alors des dernières paroles d’Azura concernant Aëla: “La dovahkiin va se rendre à Solstheim et là-bas elle sera en grand danger.” Cela voulait-il dire que la bosmer allait mourir sans son intervention ? Non, Azura enverrait quelqu’un d’autre… Mais si elle ne trouvait personne ? Le dunmer finit par s’endormir… la tête emplie de questions.

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Szordrin ouvrit les yeux sur un visage féminin, une rougegarde. 

– Bonjour, réussit il à articuler.

– Bonjour le grand blessé, répondit la rougegarde. Vos blessures ont bien guéries, vous devriez pouvoir vous déplacer sans avoir trop mal.

– Merci… pour tout. 

– C’est normal.

La rougegarde, dont l’elfe devina qu’il s’agissait de Jonna, finit de l’examiner et de réajuster ses bandages.

– Voilà. Jorgen m’a dit que vous vouliez partir. Je ne vous retiendrais pas, mais soyez prudent. Où allez-vous vous rendre ?

– Vendeaume. C’est là qu’est mon destin semble-t-il.

Le dunmer s’équipa et constata avec étonnement que son argent était toujours avec ses affaires. Il en sortit cinquante pièces d’or et les tendit à Jonna.

– Encore merci. Sans vous je ne serais plus là. Je ne peux vous donner plus mais si jamais je repasse par Morthal, vous pourrez me demander le service de votre choix.

– Comme je vous l’ai dit, ce que j’ai fait est normal. Je n’allais pas vous laisser mourir.

Suivirent les adieux durant lesquels Szordrin se jura de revenir pour rendre le service promis. Il prit ensuite la direction de l’est, vers Vendaume.

———-

L’ancien agent d’Azura arriva à Vendeaume alors que le jour se levait. Emmitouflé dans une grande cape, la capuche masquant son visage dans l’ombre, il se présenta à la porte principale.

– Et toi, l’elfe noir ! L’interpella l’un des gardes de la porte. On peut savoir ce que tu fais ici ?

– Est-ce interdit de rendre visite à la famille ? Demanda Szordrin. Il ne vous suffit plus de nous parquer, vous voulez aussi nous séparer ?

Le garde resta bouche bée devant tant d’impertinence. Le dunmer se contenta d’entrer.

Szordrin se dirigea vers les quais et posa quelques questions. La dovahkiin n’avait pas encore emprunté de navire. Le dunmer décida donc d’attendre qu’Aëla arrive. Cela pouvait être long, mais l’elfe avait tout son temps.

Après trois jours d’attente, faisant des aller-retours à l’auberge du Candelâtre pour manger et dormir, l’ancien agent d’Azura vit arriver la dovahkiin. Elle posa des questions au capitaine Gjalund et finit par monter à bord de son navire. Szordrin s’approcha à son tour.

– Ne me dites pas que vous voulez aussi aller à Solstheim ? Demanda le capitaine, dépité.

– À vrai dire si. J’ai de la famille là-bas et je dois m’y rendre en urgence. Je suis prêt à payer et je sais me servir de mes armes.

Le capitaine soupira. Il allait bien tenter de refuser mais maintenant qu’il avait promis à la bosmer de l’emmener, pourquoi ne pas accepter d’autres passagers, surtout que celui-ci se proposait de payer.

– Soit, ça sera 100 pièces d’or le trajet, tenta Gjalund, pas sûr de lui.

Le dunmer plaça 100 pièces d’or dans la main du capitaine, sans tenter de négocier.

– Quand partons-nous ? Demanda-t-il.

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Cela faisait six heures que le navire avait prit la mer. Aëla revisitait son équipement et Szordrin observait les alentours, cherchant la menace qui devait venir. Il finit par apercevoir une voile à bâbord. 

– Capitaine, navire à bâbord ! Annonça l’elfe noir.

– Nous ne sommes pas les seuls à naviguer sur ces eaux vous savez, rétorqua le capitaine.

– Il vient vers nous.

La dovahkiin avait relevé la tête et regardait maintenant dans la direction du navire approchant, le capitaine en fit de même. Le dunmer quant à lui, avait déjà préparé ses armes.

Soudainement, Szordrin se précipita sur la dovahkiin et la plaqua au sol une seconde avant qu’une flèche ne vienne se planter sur le pont. Elle aurait touché l’elfe des bois sans l’intervention du dunmer. Ce dernier se releva aussitôt.

– AUX AAAAAARMES ! Éructa le capitaine.

L’elfe noir lança un regard au capitaine. “Je vous l’avais bien dit”, voilà ce que disait ce regard. Des salves de flèches furent  lancées des deux bords et quelques marins du capitaine Gjalund furent blessés. Aëla abattit plusieurs adversaires. Szordrin attendait le corps à corps.

En moins de cinq minutes, les deux navires furent bord à bord. Le bateau adverse était rempli de mercenaires et un adepte les menaient. Alors même que ses adversaires allaient passer à l’abordage, Szordrin sortit de son couvert et sauta sur le navire des assaillants. Il se réceptionna d’une roulade et en se relevant, il empala un des guerriers avec son épée. La dégageant, il envoya une dague de jet dans le flanc d’un autre adversaire. Une fois la surprise de l’assaut soudain du dunmer passée, les mercenaires engagèrent le combat.

Szordrin virevoltait entre ses adversaires, frappant de l’épée à la gorge, de la dague au flanc et du pied au torse. Il avait déjà envoyé trois adversaires au tapis lorsqu’il reçut une blessure à la cuisse. Il recula en parant les attaques des mercenaires galvanisés par leur réussite. L’elfe noir jeta un oeil vers Aëla et les matelots sur l’autre navire. Ils peinaient à repousser leurs adversaires. La dovahkiin était harcelée par le mage menant les pirates qui lui lançait de nombreux sorts. Le dunmer fonça soudainement sur ses adversaires, il dévia au dernier moment, pris appuis sur le bastingage et sauta. En tournant sur lui même, il trancha une jugulaire. Il se réceptionna près d’un autre guerrier. Il dévia la lame de ce dernier et lui planta sa dague dans la gorge. Szordrin se rendit ensuite vers le pont supérieur en quelques acrobaties. Le mage vit arriver cet adversaire invincible.

– Mais tuez le, au nom de Miraak ! Beugla le fanatique aux deux mercenaires qui étaient avec lui.

Deux lames arrivèrent sur le dunmer, il esquiva la première et para la seconde. Il riposta de trois coups de taille, mais ses adversaires parèrent ou dévièrent les assauts. Szordrin recula en se défendant, attendant une erreur qui ne tarda pas. Sur une attaque malhabile de l’un de ses ennemis, il se glissa dans le dos de l’assaillant et y planta sa dague à plusieurs reprises. L’autre mercenaire attaqua à son tour mais il fut bousculé par le cadavre de son camarade. À peine le temps de se remettre qu’il reçut un coup d’épée au visage. Il s’effondra sans vie
L’elfe noir se retourna vers le mage… mais trop tard. La boule de feu lancée par ce dernier frappa l’ancien agent d’Azura de plein fouet et il bascula par dessus le bastingage. 

– Incapables, maugréa le fanatique.

Il se retourna et focalisa à nouveau son attention sur la dovahkiin. Celle-ci faiblissait. Un sourire apparut au coin de la bouche du sorcier. Il était temps d’en finir et il commença à incanter son sort le plus puissant, une tempête de flamme. Il toucherait probablement ses hommes mais peut lui importait, il allait accomplir son devoir. Des flammes se généraient entre ses mains au fur et à mesure qu’il les écartait puis… plus rien. Une vive douleur lui prit soudainement au torse. Il baissa les yeux pour découvrir la pointe d’une épée qui jaillissait de lui.

– Il en faut plus que ça pour me tuer, lui dit Szordrin.

Il dégagea ensuite son arme et le sorcier mourut en se vidant de son sang. La bataille fut rapidement gagnée ensuite.

Le reste du trajet se fit sans autre encombre, chacun soignant ses blessures. L’elfe noir constata qu’il avait une vilaine brûlure au niveau du visage… mais cela ne semblait rien en comparaison des cicatrices étranges de ses anciens tatouages. 

Juste avant de descendre du navire, Aëla accosta Szordrin.

– Merci pour votre aide. Vous êtes suffisamment étrange pour que je ne vous accorde pas totalement ma confiance, mais si nous devons nous recroiser je ne vous prendrais pas pour un ennemi.

Le dunmer se contenta de hocher la tête. Lorsqu’elle fut assez loin, il répondit néanmoins.

– Et nous nous reverrons, sois en sûr dovahkiin.

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