Le Veilleur, Volume 2

Jusqu’à ce que la mort m’emporte …

“Mais qu’allait-elle faire dans cette forteresse ?” se demandait Szordrin.

Il avait suivi la Dovahkin jusqu’au fort de Fiermartel où elle venait chercher le casque de Fortdhiver pour le Jarl de la cité glaciale. Ce n’était pas le fait que le fort soit en ruine qui dérangeait Szordrin, ni même le fait qu’il soit gardé par des bandits. Cela ne posait aucun problème, ni pour lui, ni pour Aëla. Mais après avoir capturé l’une des vigies du fort restée à l’écart, il avait appris d’elle que le chef de ces bandits n’était autre qu’un nécromancien. Et si celui-ci n’était pas dans le fort à ce moment-là, il ne tarderait pas à rentrer.

La bosmer venait de pénétrer dans le fort en laissant quelques cadavres à l’extérieur. Le nécromancien ne serait pas lent à comprendre ce qu’il se passait, il faudrait donc l’attaquer dehors, dès son arrivée. Le soldat d’Azura monta sur le rempart, se dirigea vers le cadavre d’un archer, récupéra son arc et quelques flèches puis se mit en position.

Moins de 5 minutes après, un homme entra dans la cour de la forteresse… seul. Il commença à examiner les cadavres puis il fît demi-tour. Szordrin ne pouvait pas le laisser avertir qui que soit. Il décocha alors une flèche qui vint se planter dans la nuque du bandit, lequel mourut avant de toucher le sol. L’elfe noir ne fut pas long à comprendre son erreur lorsqu’il sentit la douleur infligée par une pointe s’enfonçant dans son flanc. S’étant découvert pour tirer, un autre bandit, monté discrètement sur les remparts l’avait pris pour cible. Heureusement, l’armure de Szordrin était solide et la pointe n’avait que peu entamé la chair. Arrachant la flèche, le dumner plongea à couvert. Il ne pouvait les voir mais il entendit les cris des hors-la-loi qui lançaient l’assaut.

L’agent d’Azura jeta un œil par dessus le rempart derrière lequel il était caché et compta 6 adversaires avant qu’une nouvelle flèche ne ricoche à quelques centimètres de sa tête. Il fallait commencer par éliminer le tireur. Sortant à découvert l’elfe décocha une trait imprécis mais ayant pour unique but de forcer l’archer à se mettre à couvert. Puis il entama une course sur les remparts. À mi-chemin, il décocha une seconde flèche sur le bandit qui esquiva le projectile. Le brigand encocha à son tour une flèche mais au moment de viser il réalisa que son adversaire était déjà sur lui. D’un coup de pied, Szordrin décrocha l’arc des mains du bandit avant de le frapper de toutes ses forces avec le sien tenu à deux mains. L’arc se brisa sur le crâne de l’archer que le dunmer acheva avec son épée rapidement dégainée. 

Il eut à peine le temps de se retourner pour voir un nordique haut et large tenter de le couper en deux. L’elfe noir esquiva la lame et après deux autres parades chassa l’épée du colosse en l’envoyant voler au loin. Malheureusement le bandit n’était pas décidé à abandonner si facilement. Ill attrapa l’agent d’Azura à bras le corps pour essayer de le maîtriser. Dans leur rixe, les deux adversaires ne virent pas le bord des remparts s’approcher. Pas plus qu’ils ne se sentirent trébucher. Lorsque l’un bascula, l’autre suivit immédiatement et ils comprirent trop tard. Ils s’écrasèrent quelques mètres plus bas et Szordrin lâcha son épée à l’impact. Il fut néanmoins le premier à reprendre ses esprits, saisi sa dague dans sa botte et se précipita sur le colosse pour planter la lame droit dans sa gorge.

Le dunmer se releva lentement et évalua la situation. Les quatre bandits restant commençaient à l’encercler : un khajiit et un humain, armés d’épées et de boucliers, une nordique, armée d’une hache à deux mains et une argonienne, avec une dague dans chaque main. Chacun d’entre eux voulait sa mort. L’’elfe noir sut qu’il allait falloir la jouer fine. Il plongea vers sa lame, la saisit et exécuta une roulade pour se relever, des mots d’incantation aux lèvres. Croc-du-Matin, car c’est ainsi que se nommait l’épée – en tout cas de l’aube au crépuscule – s’enflamma. Les brigands se figèrent. “Merci, Dame Azura”, songea Szordrin.

Passé l’effet de surprise, les bandits passèrent à l’attaque. L’argonienne, plus rapide que ses camarades, fut la première sur le dumner et tenta de lui asséner de multiple coups de poignard. L’elfe noir para et esquiva autant qu’il put avant de passer sous la garde de la furie pour la projeter au sol d’un coup de pied. Mais il dut rapidement parer une attaque simultanée du khajiit. Szordrin riposta d’un coup de dague néanmoins le félin était rapide. De son bouclier, il dévia la lame. L’agent d’Azura fut forcé ensuite de battre en retraite, la hache de la nordique le menaçant en même temps que l’épée du khajiit.

Après avoir esquivé un coup de hache, il passa la garde du félin, lui planta sa dague dans le flanc puis le projeta d’un coup d’épaule sur son camarade, lequel tentait de le contourner pour attaquer dans le dos. L’argonienne revint à l’assaut en même temps que la nordique portait un large coup horizontal. Le dunmer glissa sous la lame de la hache et tenta un coup de taille de son épée en se relevant près de la lézarde. Le coup atteignit la cuisse de la bandit qui hurla mais parvint tout de même à porter un coup de dague qui lacéra le dos de Szordrin. Une odeur de chair brûlée emplit l’air alors que l’argonienne reculait suite à la morsure de l’acier et des flammes infligées par Croc-du-Matin. 

Les trois autres bandits ne laissèrent guère de répit à Szordrin et attaquèrent de nouveau. L’elfe en fut quitte pour une nouvelle estafilade au bras gauche. Il chargea soudain le khajiit et le fit tomber. Profitant que son adversaire au bouclier armait un coup, le dunmer crocheta le bouclier de sa dague et le projeta sur le côté. Cette manoeuvre avait deux objectifs : dévier le coup de son adversaire et exposer le dos de ce dernier. Sans hésiter Szordrin empala le bandit sur sa lame. Il n’eut cependant que le temps de dégager son arme avant d’esquiver la hache qui cherchait sa nuque. Mais la nordique pivota ensuite sur elle et porta un coup avec la garde son arme que Szordrin ne put esquiver.

Il chuta lourdement au sol mais se ressaisi pour rouler sur le côté afin de ne pas être coupé en deux par le nouveau coup porté par la nordique. Il frappa ensuite du pied dans la jambe de la hors-la-loi. On entendit l’os craquer et la nordique chuta à son tour. Voyant que l’argonienne revenait à la charge, Szordrin roula sur le sol pour atterrir dans les jambes de la furie qui tomba. L’elfe noir se releva prestement et planta son épée dans le corps de l’argonienne.

Enfin un moment de répis ! La nordique se releva difficilement, et se dirigea vers Szordrin en boitant. Quant au Khajiit, il ne se sentait visiblement pas d’attaquer seul et reprenait son souffle. Ce fut alors au tour de l’agent d’Azura de prendre l’initiative. Sans hésiter, il fonça sur la nordique déjà blessée et lui porta de multiple coups d’épée et de dague avant d’infliger un lourd coup d’épée dans les côtes de son adversaire. Avant de mourir, la hors-la-loi saisit la hache sous la lame et frappa comme pour mettre un coup de poing. Szordrin fut trop lent à comprendre ce que tentait son adversaire et la lame le frappa juste sous la gorge.

Heureusement le coup n’était pas fatal. L’elfe entendit le khajiit charger dans son dos. Il fit volte-face et para puis esquiva les multiples attaques du bandit. Il comprit rapidement qu’il ne pourrait pas passer la garde du félin de façon ordinaire. Szordrin recula donc juste qu’à être dos au mur, s’appuya sur celui-ci pour sauter, prit ensuite appuis sur le bouclier de son adversaire et passa au dessus de lui. En retombant, il trancha le dos du khajiit de haut en bas.

L’agent d’Azrua commençait seulement à reprendre son souffle lorsque des applaudissements résonnèrent dans la cour de la forteresse :

— Bravo ! Bel effort de ta part, retentit un voix rauque.

Szordrin se tourna vers la source de la voix. Un homme en robe noir se tenait courbé sur les remparts. Le dunmer s’avança vers le nécromancien qui le dominait.

— Descends donc des remparts et vient te battre ! annonça Szordrin

— Et me battre sur ton terrain, je ne crois pas ! Je compte bien t’éliminer sans me salir les mains et tu rejoindras mon armée.

Cette idée fit froid dans le dos à Szordrin. S’il y avait bien une chose qui l’effrayait, c’était de perdre le contrôle, d’agir contre sa volonté.

Le nécromancien leva la main et une lueur violette engloba celle-ci. Szordrin entendit soudainement derrière lui le raclement du métal sur la pierre. En se retournant, il vit les cadavres des bandits qu’il venait d’éliminer se relever, les orbites emplies d’une lumière violette. Nul besoin de les affronter, ce serait la mort assurée ! L’agent d’Azura fonça dans la direction du nécromancien et escalada le rempart à une vitesse fulgurante malgré ses blessures.

Arrivant au sommet, il fut accueilli par une lame lancée de toutes forces par un cadavre laissé par la dovahkin. La hache entailla le flanc du dunmer mais cela ne l’arrêta pas. D’un revers de son épée, il trancha le revenant. Fonçant vers le nécromancien, un autre mort lui barra la route et le griffa au visage. Cela ne l’arrêta pas non plus et il décapita le mort-vivant d’un geste précis. Les deux cadavres s’effondrèrent de nouveau en brûlant.

Szordrin faisait maintenant face au sorcier. Celui-ci n’affichait plus l’air confiant qu’il avait en interpellant l’elfe un instant plus tôt. De son côté, le dunmer souffrait stoïquement. Il arborait de multiples blessures et ne tenait presque plus debout mais il continuait d’avancer, porté par sa mission. Le nécromancien lança une boule de feu sur le dunmer qui fut désarmé, l’avant bras sévèrement brûlé. Le mage allait armer un ultime sort lorsque Szordrin l’attrapa à la gorge de la main droite pour la lui trancher d’un coup de dague tenue de la gauche. 

Le dunmer tenait le cadavre du nécromancien penché au dessus du vide au moment où, juste en-dessous, une porte s’ouvrait et Aëla sortait de la forteresse. Azura avait insisté sur un point : ne pas se faire voir. Heureusement, les revenants finissaient de tomber en cendres qui maintenant se confondaient avec la neige. Mais une goutte de sang perla de la gorge du nécromancien et tomba près de la bosmer. Elle leva les yeux mais Szordrin eut le réflexe de tirer le cadavre en arrière pour qu’il ne soit pas vu. Cependant, en effectuant cette action, à bout de force, il s’effondra avec le corps.

Le dunmer se réveilla plusieurs heures plus tard. La nuit était tombé et toutes ses blessures avaient cicatrisé. Il se releva tout de même difficilement, ramassa son épée devenu Croc-du-Soir et fit un tour d’horizon. Tout était calme autour de lui, il venait d’échapper de peu à la mort et la tempête de souffrance et de douleurs était retombée.

L’aube pointait à l’horizon, le rendez-vous approchait. En rouvrant les yeux, Szordrin ne fut donc pas surpris de se retrouver en Ombre de Lune, le royaume d’Azura.

— Une nouvelle fois, ta mission fut un succès, fit une voix féminine dans son dos.

— Mais aujourd’hui, j’ai failli y laisser ma vie, rétorqua le dunmer.

— Je t’ai demandé de protéger Aëla, la dovahkin à tout prix, tonna la Dame. Et j’entends qu’il en soit fait ainsi.

L’elfe noir laissa passer quelques secondes avant de finalement rajouter :

— J’ai promis de vous servir, je vous servirais jusqu’à la mort.

— Et peut -être plus, annonça la Dame de l’Aube et du Crépuscule

Szordrin se retourna vivement, mais il ne retrouva que le décor enneigé de Bordeciel. Néanmoins, les mots de la Dame résonnaient encore en boucle dans sa tête.

Avec la participation de

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