Le Veilleur, Volume 1

Il se nommait Szordrin Lesaen. Il était un elfe noir. Adossé à un arbre, les bras croisés, il observait d’un oeil attentif le feu de camp dont les dernières braises achevaient de se consumer. Lentement, ses yeux revinrent sur ses récent tatouages. S’il ne pouvait voir ceux de son visage, il pouvait néanmoins les sentir. Son regard erra de nouveau vers le campement. La dovahkiin dormait paisiblement près des braises. Elle était en route pour Markarth, elle qui avait pourtant juré de ne pas y retourner. Mais pour Mara elle semblait capable recommencer.

“La Dame se serait-elle fourvoyée ?” Se demanda le dunmer en constatant que le jour allait bientôt se lever et qu’il ne s’était toujours rien passé.

Soudainement, un mouvement furtif dans les arbres alentours attira son attention. Finalement, la nuit ne sera pas si ennuyeuse ! Un mince sourire se dessina sur les lèvres de l’elfe noir. Sans un bruit, il contourna le camp et se dirigea vers le mouvement. Ses yeux rouges finir par percevoir trois hommes, qui observaient le même campement que lui quelques minutes auparavant. Avisant la marque sur le poignet gauche du plus proche des hommes, il eu ainsi la certitude que c’était ceux qu’il attendait.

Szordrin s’approcha donc tranquillement, profitant que l’un d’eux soit encore un peu en retrait. Le retardataire ne l’entendit même pas. Une dague fusa vers la gorge du malheureux qui s’effondra. Mais le gargouilli qu’il produisit alerta ses deux compagnons qui se retournèrent les yeux emplis de surprise et de terreur. La dague changea prestement de main et le dunmer dégaina une épée de la main droite avant de lancer à ses deux adversaires un regard de défi. L’un d’eux finit par se décider. Il chargea et tenta de porter un coup mais la dague s’interposa soudainement. Dans le même mouvement, Szordrin enfonça sa lame d’acier de moitié dans le ventre de son assaillant. Aussitôt il s’écroula, mort.

Le troisième avait néanmoins profité de l’attaque et de la mort de son compagnon pour charger à son tour. Il entailla le flan de l’elfe noir qui laissa son épée dans le ventre de sa deuxième victime en reculant. Confiant, l’homme attaqua à nouveau mais Szordrin l’attendait cette fois. Il para à nouveau de la dague puis d’un mouvement vif entailla le poignet de son adversaire, récupéra l’épée de ce dernier et lui trancha la gorge d’un coup précis.

Szordrin poussa un soupir frustré. Les adeptes devait être plus nombreux que ça et il avait déjà une blessure avant d’avoir tué le troisième. Il se décevait. Il était pourtant capable de mieux ! Mais un excès de confiance lui avait valu d’être blessé. Inacceptable ! Le dunmer profita du temps mort et de l’absence d’autres ennemis pour vérifier les poignets des trois individus. Tous portaient la marque de Boéthia, visiblement la daedra n’avait pas accepté qu’Aëla lui tourne le dos.

Un craquement de branche sur la gauche, le fit se retourner vivement. Les autres adeptes étaient là. Ils étaient cinq et s’approchaient de lui, l’arme au poing. Il lui fallait gagner du temps, et les éloigner du campement.

Szordrin sorti du bosquet en reculant, parant à gauche et esquivant à droite mais les cinqs adeptes l’avait suivi. Arrivé au sommet d’une petite colline, l’elfe noir se trouva encerclé, blessé mais aucun de ses adversaires n’était encore atteint, néanmoins il ne semblait pas inquiet. Les premières lueurs de l’aube pointèrent alors et soudainement, les tatouages de Szordrin se mirent à luire d’une lumière à la fois dorée et bleutée. Interloqués, ses adversaires se figèrent pendant une seconde. C’était juste ce dont le dunmer avait besoin. Profitant de cette seconde, il fondit sur eux.

Aëla était toujours assoupie lorsqu’une silhouette se dessina au dessus d’elle. Une dague à la main, l’adepte accordait quelques paroles au Prince du Complots en levant une dague sacrificielle. Il abaissa sa lame mais son mouvement fut interrompu … il s’effondra en arrière, dans les bras de Szordrin, une dague de jet planté dans la gorge. Sans un bruit, l’elfe emporta le dernier cadavre au loin. Quelques minutes plus tard, lorsque qu’Aëla se réveilla, après une bonne nuit reposante, il ne restait nulle trace du combat. Et jamais elle ne su à quel point elle avait frôlé la mort. Si bien qu’après avoir grignoté un morceau de viande, elle reprit la route sereinement.

Le crépuscule approchait, Szordrin se tenait assis en tailleur sur une pierre près d’un fleuve. Lorsque le soleil atteignit la ligne d’horizon l’elfe noir ouvrit les yeux, il ne se trouvait plus sur Nirn mais dans un paysage majestueux et coloré. En face de lui se dressait une immense cité d’argent. Il sentit alors une présence dans son dos.

— J’ai fait comme demandé ma Dame, la dovahkiin est sauve et les adeptes sont tous morts.

— Bien, fit la Dame de l’Aube et du Crépuscule. Retourne auprès d’elle et continue ton oeuvre. Elle court encore de grands dangers et sa destinée ne doit être détournée.

— Il sera fait selon vos désirs, Dame Azura” répondit respectueusement Szordrin.

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