RP Halloween 2019 – Le Parachutage du Grey Wolf.

Scénario du RP : Zoryynn

Joueurs : Adripeal, Aëla, Puzzle, Vayne

Novélisation du texte : Arkady, Zoryynn

Le Douglas “Dakota” C-47 fend le ciel en compagnie d’une centaine d’autre avions semblable. Ils survolent la mer de la Manche, en direction des côtes normandes. Il fait nuit noire et dans la soute arrière du transporteur, seule une petite veilleuse éclaire quelques visages tendus. Nous sommes dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. L’opération Overlord est en marche et chacun est concentré à l’extrême. Les soldats parachutistes présents dans la soute savent qu’ils seront les premiers sur le front. Leur parachutage, baptisé Opération Albany est primordial pour préparer le terrain en coordination avec la résistance au sol, ouvrir la voie aux troupes alliées qui débarqueront en masse quelques heures plus tard sur les plages normandes et s’emparer des batteries allemandes à revers.

Chacun est perdu dans ses pensées et le silence règne, seulement perturbé par le ronronnement du moteur. Puzzle, le grenadier vérifie une dernière fois son équipement. Vayne, le spécialiste radio s’assure que son matériel est bien protégé dans son sac. Aëla la sniper effectue les derniers réglages sur son arme alors qu’Adripeal, l’officier en charge de l’escouade relit une dernière fois ses cartes. Dans un coin, blottis contre la carlingue, quelques soldats tentent de dormir, profitant de ces derniers instants de calme. 

Soudain une explosion assourdissante retentit à côté de la carlingue et le Dakota baptisé Grey Wolf fait une embardée. Une seconde, puis une troisième explosion résonne. La DCA allemande s’est mise en marche, les avions ont été repérés. Dans la soute c’est le branle-bas le combat. Le commandant Adripeal hurle à ses hommes de se tenir prêts tandis que le pilote cherche en vain la zone de largage. Une quatrième explosion retentit et le moteur droit crachote avant de s’arrêter. Le Grey Wolf pique du nez tandis que le pilote fait tout son possible pour le redresser.

— LARGAAAAAAAAAGE, hurle Adripeal pour se faire entendre. 

Sans hésiter ses hommes se jettent dans le vide et il les suit à son tour alors qu’un dernier tir de DCA fini par faire exploser leur avion. Adripeal n’a pas le temps d’avoir une pensée pour les pilotes restés à bord, le sol se rapproche à toute vitesse et le vent rend la descente quasiment incontrôlable. Soudain une masse se dresse devant lui sans qu’il ne puisse rien faire. Le choc est rude et il reste sonné, ballotant dans son harnais retenu par les suspentes de son parachute au clocher d’une église en ruines…

Plus loin, dans la forêt, Puzzle se redresse difficilement en le massant les fesses. L’atterrissage qu’il vient d’effectuer ne rentrera pas dans son palmarès de ses meilleurs largage. Mais au moins il est entier. Et intact. Il jette un œil à droite, puis à gauche. À sa droite, Aëla s’approche à pas de loup. Elle semble plutôt en bonne forme si on exclut quelques griffures de branches sur le visage. Trois soldats la suivent, eux aussi visiblement indemnes. Sur la gauche, Vayne les rejoint en ronchonnant, deux autres soldats dans son sillage.

— Pas de signal radio ici, indique le responsable communication en désignant son paquetage.

— C’est tout ce qu’il reste de l’escouade ? demande Aëla en désignant les hommes autour d’elle. Où est le commandant Adripeal ?

— Porté disparu, répond le grenadier d’un ton sombre.

— On fait quoi alors ? demande Vayne.

Aëla jette un œil aux hommes autour d’elle.

— On devait saisir et tenir le nœud routier de Sainte-Mère-Église, détruire des ponts sur la Douve et mettre hors-service les batteries locales allemandes. Vu le nombre que nous sommes nous n’avons aucune chance d’y arriver, déplore-t-elle.

— Alors il faut nous regrouper, annonce Puzzle. Le largage s’est fait dans de mauvaises conditions mais le reste de la 82ème Airborne ne peut pas être bien loin… 

— Nous devons donc trouver une zone où nous pourrons entrer en contact avec le reste de nos effectifs pour relancer l’opération, propose Vayne.

Le petit groupe observe un peu plus précisément les alentours. Au loin sur la gauche brillent les lumières d’un village et l’ombre d’un clocher se dessine sur la droite, partiellement dissimulé dans une légère brume.

— Nous devrions peut-être nous séparer pour maximiser nos chances ? propose Vayne.

— Bonne idée, approuve finalement Puzzle. Laisse-nous une radio, nous allons nous diriger vers l’église, voir si les ondes passent là-bas.

— Dans ce cas, je me rends vers le village avec trois hommes, voir si je trouve des alliés là-bas, décide Vayne. On se retrouve le plus vite possible.

Après un dernier salut, les deux groupes se séparent.

Vayne emmène trois hommes avec lui. Il compte rejoindre au plus vite les lignes de combats pour trouver des renforts. Marchant à pas vifs dans la forêt, les hommes restent aux aguets. Ils ne savent pas combien de soldats allemands se trouvent entre eux et le reste des troupes, il est donc inutile de prendre des risques inconsidérés. En outre, leur progression est lente. La forêt, touffue, les ralenti. Sans arrêts des branches leurs reviennent en plein visage, l’herbe humide les fait déraper et l’obscurité complique leur avancé. Soudain, après quelques minutes de marche, un bruit se fait entendre dans les fourrées. Vayne hésite une fraction de seconde. 

— Tirez, lui conseille un de hommes. Ça fera fuir ce qui se cache là.

— T’es fou ? le coupe le second. Il faut accélérer et partir d’ici au plus vite.

— Au contraire on devrait ralentir, propose le troisième. Et faire en sorte d’être plus vigilants.

Vayne hésite un instant avant de leur faire signe de se taire et de ralentir l’allure. Il tend l’oreille. Un craquement de branche attire alors son attention. Les Allemands seraient-ils bien plus près que ce qu’ils pensaient ? Possible… Un second craquement sur sa droite attire encore son attention tandis que les hommes, nerveux resserrent leurs prises sur leurs armes. Soudain, il aperçoit briller sur sa droite une paire d’yeux jaunes. Une sueur froide lui glisse dans le cou. Définitivement ce ne sont pas les Allemand qui les ont pris en chasse…

— Il faut tirer, répète nerveusement un homme.

— Non, mieux vaut attendre et ne pas l’énerver, affirme le second.

— Partons d’ici, implore le dernier.

Sans un mot, et sans quitter les yeux luisant dans le noir du regard, Vayne fait signe aux hommes de se stopper et de se mettre en position de défense. Ceux-ci s’exécutent avec rapidité. Brusquement, l’un des soldats se met à hurler dans son dos. En se retournant, il n’a que le temps de voir le corps du malheureux emporté dans les fourrés par une masse sombre. Les deux autres soldats tirent dans la direction de l’agresseur invisible, mais sans succès. Se tournant de nouveau vers la première paire d’yeux, Vayne constate alors avec effrois qu’elle a disparue.

Guidé par Puzzle et Aëla, le second groupe se dirige à pas prudent vers l’église. Vayne absent, la seconde radio a été confiée à son assistant qui les accompagne. Leur progression est un peu plus facile que l’autre groupe mais entravée par le brouillard qui semble se lever de plus en plus. Soudain, Puzzle fait stopper tout le petit groupe et désigne à Aëla des traces fraîches dans la boue. 

— Elles sont récentes, déclare le second soldat qui les accompagne. Deux heures max.

— On attend pour voir ? propose Aëla.

— On avance, propose Puzzle en même temps.

Les deux soldats échangent un regard.

— Attendons.

Dans un même mouvement, tous le monde se met au sol. Allongé dans la boue, le petit groupe scrute les alentours, l’œil aux aguets, mais pas un mouvement ni le moindre son n’attire leur attention. L’endroit semble calme et désert.

— Je peux me rendre à l’église et tenter de monter sur le clocher, propose l’assistant en communication. De là-haut je capterais peut-être un signal.

D’un commun accord, le groupe décide de le suivre. Ils s’avancent  donc à pas prudents jusqu’à l’église abandonnée. Un gémissement attire finalement leur attention. Avec précaution ils font le tour de l’église pour finalement apercevoir, suspendu au clocher, le commandant Adripeal qui reprend péniblement conscience. Après quelques acrobaties, le petit groupe parvient à le descendre de son perchoir et le mettent rapidement au courant de leur avancée. Approuvant le plan, Adripeal laisse l’assistant en communication remonter jusqu’en haut du clocher. 

Alors que celui est à mi-chemin, des coups de feu retentissent au loin et, plus proche, un hurlement vient briser le silence.

Dans les bois, Vayne et les deux survivants attendent avec angoisse. Des milliers de questions traversent leurs esprits. Qu’est-ce qui les attaque ? Est-ce un coup des allemands ? Comment s’en sortent les autres ? Soudain, l’attention de Vayne est attirée par une silhouette sombre qui sort lentement des ombres devant lui puis se redresse sur ses deux pattes arrière. Les griffes de la créature cliquettent et ses babines se retroussent sur des crocs luisants trempés de bave. L’esprit du spécialiste radio se met en pause tandis qu’il observe incrédule le chose avancer. Un seul mot tourne en boucle dans son esprit. Loup-garou.

Il est finalement sorti de sa torpeur quand la créature, dans un grognement, les attaque.

— Feu, crie-t-il en déchargeant son arme. 

Ses compagnons l’imitent au moment où la créature, dans un formidable bond, leur saute dessus. D’une glissade, Vayne s’éloigne et la créature retombe à côté de lui sans le toucher. Elle titube, pousse un dernier grognement et s’effondre comme une masse.

Le soupir collectif de soulagement est coupé par l’arrivée d’une seconde créature sur leur droite. Avant même qu’ils ne puissent réagir, elle se jette sur l’un des soldats et dans une furie de griffes et de grognements le dévore. 

— Abattons-le, crie le soldat en désignant le second loup-garou

— Fuyons, propose une petite voix dans la tête de Vayne, espérant que le loup-garou s’attarde sur le mort.

— Il faut brûler le cadavre abattu, déclare finalement Vayne.

Profitant de la cohue, celui-ci se précipite sur la créature abattue, allume un bout de son paquetage déchiré à l’aide de son briquet et jette le tout sur la bête au sol. Dans un hurlement de douleur, la créature se relève, frappant au hasard avant de mourir carbonisée. Avant que les deux hommes ne puissent souffler, l’autre créature délaisse le cadavre du soldat et se jette sur le dernier soldat accompagnant Vayne. Dans un dernier réflexe, celui-ci vide son chargeur sur la bête mais le loup le mord à la gorge, le tuant sur le coup. Puis l’animal se tourne vers Vayne, les yeux luisants, une écume rougeâtre aux lèvres.

Vayne hésite. La balle ou le feu ? Il prend sa décision au moment même où ce dernier le charge. Le briquet enveloppé dans un tissu enflammé touche la créature qui prend feu mais cela ne la ralentit pas suffisamment. Elle percute Vayne avec la force d’une locomotive lancée à pleine vitesse et le renverse. Vayne s’effondre sur le dos le souffle coupé. Une odeur fétide lui emplit les narines tandis que la douleur menace de lui faire perdre connaissance. Sa dernière vision avant de fermer les yeux est celle d’une double rangée de crocs luisants qui s’approche de son visage. Une douleur terrible éclate alors dans son crâne. 

Puis le néant…

Au hurlement, le petit groupe de soldats au pied de l’église en ruine échange un regard intrigué et inquiet. D’un commun accord, ils décident alors de se mettre en position autour de l’église pour surveiller les alentours. Faisant le tour de l’édifice pour contrôler les angles morts, Adripeal et Puzzle remarquent alors qu’Aëla a disparu, sans un bruit ni un cri. Seul son fusil sniper, laissé à l’abandon dans l’herbe au milieu d’une mare de sang témoigne du drame silencieux qui s’est déroulé juste à côté d’eux. À mi-voix, Puzzle maudit le brouillard qui obstrue leur vue au point qu’ils ne se sont même pas aperçu de la disparition d’une des leurs. 

Pour assurer leurs arrières, Adripeal et Puzzle décident alors de se mettre en position dans l’église. Alors qu’ils se replient, ils captent des grognements dans la forêt à proximité. Puis du coin de l’œil, ils aperçoivent des lueurs jaunes briller dans la pénombre. Ils échangent alors un regard incrédule. Quelle est donc cette diablerie des allemands ?

— On monte sur le clocher ou on tire ? interroge Adripeal à mi-voix sans quitter des yeux les lueurs qui s’approchent doucement.

— On pose des pièges, répond finalement Puzzle en se défaisant de son paquetage pour sortir deux mines et trois grenades.

Rapidement des deux hommes installent des mines pour sécuriser l’entrée puis se replient dans l’église. Le brouillard est intense autour d’eux et ils n’y voient presque plus rien. Néanmoins, ils peuvent tout de même percevoir les formes approchant. Le son d’une explosion leur indique même que l’une d’entre elle a visiblement déclenché un des pièges. Malheureusement, cela n’a pas suffi pour les arrêter et les deux hommes distinguent finalement deux silhouettes floues entrer dans l’église.

— On les abat ou on se cache ? demande Puzzle.

— On se replie, ordonne Adripeal en désignant l’accès au clocher.

Quatre à quatre les deux hommes grimpent les marches du clocher.

— LOUP-GAROU ! entendent-ils crier avant qu’un gargouillis significatif ne leur indique que le spécialiste radio vient d’y laisser sa vie.

— Des loups-garous, c’est quoi ce cirque ? marmonne Adripeal.

— Je crois qu’il disait vrai, réalise Puzzle en désignant d’un geste les créatures grimpant les marches derrière eux.

Stupéfait, Adripeal réalise que les deux hommes ont raison, ce sont bien des loups-garous qui les attaquent.

Sans prendre le temps de plus s’appesantir sur le sujet, les deux soldats achèvent leur montée des marches pour finalement constater que le spécialiste laissé là n’est plus. À sa place, un silhouette légèrement dissimulée par la brume mais ressemblant bel et bien à un loup-garou les attend. Du coin de l’œil, Puzzle aperçoit la radio, laissée au sol. En une fraction de secondes il pense à la mission, à leur objectif de prévenir les autre et plonge vers celle-ci. Un violent coup au sternum de la part de la créature l’envoie néanmoins contre la rambarde du clocher. Déséquilibré il ne parvient pas à se rattraper et plonge finalement par-dessus celle-ci. Un cri bref et un bruit d’écrasement résonnent alors, annonçant la fin du grenadier.

Décidant de ne pas jouer le sort, Adripeal se replie prudemment dans les escaliers mais un grognement lui indique que d’autres créatures arrivent par en bas. Rapidement il fait le tour de ses options. La fenêtre ou la dernière grenade ?

— Foutu pour foutu, se dit-il. 

Saisissant la grenade à sa ceinture, il charge les loups-garous et dégoupille.

Alors que la luminosité de l’explosion diminue, le commandant allemand en charge de la contre-attaque baisse ses jumelles, raccroche sa radio et se tourne vers ses hommes, à l’abri dans le village de Sainte-Mère-Eglise. 

— Mission réussie, l’escouade au complet est morte dans cette église et nous n’avons perdu qu’un homme dans l’explosion, annonce-t-il.

Un scientifique à lunettes s’approche de lui, un calepin à la main. 

— D’après ce que nous avons entendu dans les hurlements, le gaz hallucinogène que nous avons diffusé sous forme de brouillard autour de l’église a parfaitement joué son rôle. Ces américains  étaient visiblement convaincus de se battre contre des Loup-garou. Ils ont perdu tout sens commun et ont donc fait des erreurs qui leur ont coûtées la vie. 

— Pourquoi des loups-garous, questionne un soldat.

— Je l’ignore, répond le scientifique, le gaz est conçu pour réveiller vos peurs les plus profondes et les matérialiser devant vous…  Les visions et leur contenu dépendent donc des personnes affectées.

— Nous devrions perfectionner cette stratégie pour la suite, annonce le commandant. Ainsi nous avons peut-être encore une chance de gagner la guerre.

Le scientifique acquiesce d’un signe de tête, rassemble ses notes et son calepin et s’en retourne à son laboratoire. Le commandant jette un dernier regard vers les reste calciné de l’église et s’en retourne lui aussi à ses occupations, un petit sourire satisfait sur le visage. Nul doute qu’avec cette technique innovante et imparable il obtiendra une promotion.

Dans les fourrés alentour du village, un craquement de branche se fait entendre et deux yeux jaunes luisant se mettent à briller. Un grognement discret s’élève ensuite de l’endroit où se tient une silhouette sombre et indistincte qui se tient sur ses deux pattes arrière. D’un geste négligent elle se frotte le ventre où une large tache de brûlure s’étend. Puis, sans lâcher des yeux le dos du commandant allemand, la créature se passe une langue gourmande sur les babines couvertes de sang. Finalement, d’un pas souple elle sort des fourrés et s’avance vers le village. Les soldats américains de la forêt l’ont mise en appétit, il est temps désormais d’attaquer la curée… 

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