RP Halloween 2019 – 36 mille pieds sous les mers.

Scénario du RP : Zoryynn

Joueurs : Adripeal, Arkady, Kychloreine, Marvin, Vayne

Novélisation du texte : Arkady, Zoryynn

Le « Nautilus II » file entre deux eaux à pleine vitesse. La coque du sous-marin est rutilantes et brille sous la faible lumière qui émane encore de la surface à quelques mètres de là. À l’intérieur, les coursives sont lumineuses et spacieuses, éclairées par le tout dernier système électrique en date. L’atmosphère sent encore le neuf et l’équipage se presse dans les couloirs et à son poste. Chacun se prépare pour cette plongée exceptionnelle. Le « Nautilus II » sera le premier sous-marin à plonger si loin dans les profondeurs de la Fosse des Mariannes. L’objectif est d’atteindre le fond ! Chacun est à la fois tendu par l’ampleur de ce qu’ils vont accomplir et excité par l’exploit que cela représente.

Alors que le « Nautilus II » arrive finalement au dessus de la fameuse fosse, dans la soute arrière, Vayne le scaphandrier en chef effectue une dernière vérification sur les équipements. De son côté, Kychloreine, l’artilleuse, achève de ranger les caisses d’explosifs. Au poste de commandement, Adripeal et Marvin, les deux scientifiques de l’expédition vérifient une dernière fois la carte des fonds marins de la zone d’expédition. D’un signe de tête, ils confirment ensuite au commandant que tout est bon. Ce dernier s’approche d’Arkady, sa pilote.

— En plongée toute, ordonne-t-il. Ouvrez les purges, remplissez les ballasts, assiette -30, cap au 180°, vitesse 5 noeuds, profondeur 36 000 pieds.

Obéissant aux ordres, la pilote actionne une commande pour enclencher le mécanisme de remplissage des ballasts, permettant au sous-marin de prendre du volume pour s’enfoncer dans les océans. Dans la foulée, elle pousse sur la barre de plongée. Le « Nautilus II » pique du nez à la vitesse requise et dans la direction ordonnée. Commence une lente et angoissante descente. tout le monde surveille les appareils de plongée et les données de compression. À cette profondeur, la moindre erreur et c’est l’accident de décompression. Après près d’une heure et demie de descente, la pilote redresse le sous-marin, le stabilise et se tourne vers le commandant.

— 36 000 pieds  atteint, Commandant. Selon les appareils nous sommes à une dizaine de mètres du fond

— Bien, stoppez les machines, passez en stationnaire.

Le Commandant s’approche ensuite de la passerelle et s’empare du micro de diffuseur général qui retransmet dans toutes les pièces du sous-marin.

— À tout l’équipage, ici votre Commandant. Le « Nautilus II » vient d’atteindre avec succès sa profondeur visée. Nous sommes actuellement le premier sous-marin avec équipage à avoir atteint très précisément les 10 972 mètres de profondeur. Nous allons rester à cette profondeur quelques heures le temps de faire des prélèvements et divers tests. Bon travail à tous !

Des hourras résonnent dans les coursives à l’annonce du Commandant. Celui-ci coupe le micro et se trouve vers son pilote et les deux scientifiques. 

— Je serais dans ma cabine. À vous la suite des opérations.

Les deux scientifiques et leurs équipes ne perdent pas de temps pour prendre en main la suite des opérations. Quelques membres s’équipent des scaphandres grande profondeur pour faire une sortie, d’autres manipulent les appendices préhensiles du sous-marin pour faire des prélèvements, d’autres encore notent et compilent tout ce qu’ils voient. Le reste de l’équipage a lâché ses occupations pour se coller aux hublots. Arkady, avant de quitter son poste pour se rapprocher d’un hublot a allumé tous les projecteurs du sous-marin. 

Ébahis ils découvrent alors pour la première fois le fond de la Fosse.

Ici et là s’élève des cheminées crachant une épaisse fumée noire qui se diffuse ensuite dans l’eau dans de magnifiques volutes. 

— Des fumeurs noirs, leur ont dit Marvin et Adripeal. La preuve que même à cette profondeur, la tectonique des plaques joue un rôle important. 

Devant les hublots, de temps en temps passent quelques poissons, souvent blanc, presque transparents, ils semblent aveugles. 

— Normal à cette profondeur, ont encore répondu les scientifiques. Habituellement il n’y a pas de lumière ici.

— Regardez, annonce Adripeal au petit groupe autour de lui.

D’un geste de la main, il désigne un tapis de “tubes” rouges et blancs.

— Voici une colonie de vers tubicoles. Ils survivent à cette profondeur et cette faible température dans les zones hydrothermales où l’eau, grâce à la géothermie est bien plus chaude que dans le reste de la Fosse.

Émerveillé chacun observe, écoute et apprend. Pendant encore de longues heures, ils observeront presque religieusement cette partie inexplorée de leur monde. Puis les scientifiques sonnent le rassemblement. Tous les prélèvements possibles et imaginables ont été réalisés, il est désormais temps de remonter vers le monde connu. Chacun retourne alors rapidement à son poste, les scaphandres sont nettoyés et rangés, les prélèvements étiquetés et classés. Le « Nautilus II » entame alors tranquillement sa remontée lorsqu’une alarme retentit en salle des machines. 

Aussitôt c’est le branle-bas le combat. Les mécaniciens sont sur le pied de guerre pour trouver l’origine de la panne. Quant au Commandant, il est descendu en personne dans la cale pour suivre l’opération. Sur ordre du Commandant, la pilote a redescendu le « Nautilus II » pour le poser sur le fond marin afin d’éviter un échouage non contrôlé en cas de perte des commandes. Ils sont donc échoués, par près de 11 000 mètres de fond, seuls dans une eau glacé, au fin fond d’une fosse inexplorée qui pourrait bien être leur tombeau…

Désormais, ne reste qu’à attendre le rapport des mécaniciens.

Tout le monde est à l’œuvre dans la cale, lorsqu’un mécanicien constate qu’il patauge dans l’eau gelée. Et celle-ci monte de plus en plus vite. Chacun se lance alors à la recherche de la fuite. Soudainement, la carlingue du sous-marin se met à émettre un son très singulier. Chacun tend l’oreille, inquiet et aux aguets.

— C’est étrange, murmure enfin le Commandant. On dirait que la coque est en train de se tordre.

À la déclaration du Commandant, la panique commence à se répandre dans les rangs. Si la coque cède, c’est la décompression immédiate. Pas le temps de tenter quoique ce soit. Certains tentent de rejoindre les modules de secours, d’autre cherchent encore la fuite en espérant localiser et résoudre le problème, d’autres encore sont partis s’équiper de scaphandres.

Adripeal, Kychloreine et Marvin ont décidé de suivre les courants de l’eau pour trouver la source de la fuite. L’eau leur arrivent aux genoux lorsqu’ils entendent au détour d’un couloir des cris de panique puis un violent craquement d’os. Adripeal avance vers les bruits alors que les deux autres rebroussent chemin, l’un vers les modules, l’autre vers les scaphandres. 

Arrivé à l’embranchement, le scientifique découvre alors au milieu de la coursive, un tentacule s’agitant dans tous les sens. Plusieurs cadavres jonchent déjà le sol et si le sous-marin n’a pas subit un brusque accident de décompression c’est uniquement parce que le tentacule obstrue entièrement la brèche dans la coque par laquelle il s’est frayé un chemin. Adripeal n’a néanmoins pas le temps de réfléchir plus que ça à l’origine de ce tentacule. Celui-ci le saisit par la jambe et l’écrase violemment et soudainement contre le mur.

Arkady, elle, se dirige vers les modules de secours le plus vite possible pour les activer et permettre aux membres de l’équipage de s’enfuir. Elle trébuche quelques peu dans les coursives sombres, visiblement la lumière ne fonctionne plus dans ce secteur, mais finit par arriver au sas permettant l’accès aux modules. Elle découvre alors avec effroi que celui-ci est bloqué, par une panne de courant dans le secteur, ce qui explique l’absence de lumière. Sans – trop – céder à la panique, elle cherche dans sa mémoire une solution pour forcer le passage. Trois options lui viennent alors en tête. Forcer la serrure au chalumeau, essayer d’entrer par une bouche de ventilation ou aller chercher un scaphandre dans le local d’équipement.

Avisant finalement un chalumeau, elle décide de forcer la serrure. 

En quittant la salle des machines, Vayne s’est rendu droit dans la réserve pour enfiler un des scaphandre de grande profondeur. Il sera ralenti, à n’en pas douter mais il sait que si l’eau continue de monter, ou si le sous-marin entre en décompression, cela pourra lui servir. 

Il s’apprêter à sortir de la salle lorsqu’un craquement retentit dans le couloir. D’un rapide coup d’œil, à travers le clignotement des lampes de la coursive, Vayne aperçoit la silhouette d’une créature amphibienne humanoïde se dresser dans le couloir à quelques mètres. Elle semble chercher de la nourriture. Vayne reste alors figé par la peur quelques seconde avant de parvenir à se reprendre. À toute vite, le scaphandrier fait le tour de ses options. Doit-il tenter de passer discrètement, se cacher dans la pièce ou tenter d’affronter la créature ?

Son instinct de survie lui souffle de tenter de se cacher, ce qu’il fait en retenant son souffle tandis que la créature s’approche doucement de l’angle derrière lequel il se dissimule et semble renifler les alentours.

C’est à ce moment qu’arrive Kychloreine, laquelle avait quitté la cale pour tenter d’aller chercher un scaphandre. Au détour du couloir, elle découvre elle aussi avec horreur la créature qui se trouve à l’entrée de la pièce. Elle hésite. Peut-être ne l’a-t-elle pas vue ? Mais dans ce cas, que doit-elle faire ? Attaquer ? Changer de direction pour les modules de secours ? Ou attendre que l’étrange créature parte d’elle-même ?

Pas décidée à changer de cap ou attendre, l’artilleuse, décide de foncer dans le tas. Armée d’une clef anglaise, elle s’approche de la créature. Mais celle-ci se retourne et se jette sur elle. Un violent combat s’engage alors et Kychloreine y met toutes ses forces.

Aux modules de secours, Arkady a trouvé rapidement un chalumeau et commence à entamer la porte. C’est à ce moment qu’elle est rejointe par Marvin, qui après avoir quitté les couloirs qui s’emplissaient s’est replié lui aussi vers les modules de secours.  Se relayant avec le chalumeau pour faire fondre la serrure, le travail progresse assez vite lorsque un râle attire leur attention. 

Un homme d’équipage tente de ramper vers eux. Alors que Marvin s’apprête à lui venir en aide, le malheureux se fait rattraper par une créature humanoïde qui se dresse soudainement derrière lui et l’achève sur le champ. Figés par l’effroi, les deux compagnons constatent finalement qu’elle semble assez déstabilisée par la lumière du chalumeau.

Marvin, avec ses connaissances océanographiques, en déduit assez rapidement que la créature – comme beaucoup d’autres issues des fonds marins – ne supporte la lumière. Sans laisser le temps à Arkady de tenter d’achever le découpage de la porte – ou de s’enfuir – il s’empare du chalumeau de cette dernière et pose la flamme contre le mur métallique. Dans un arc de lumière, des étincelles s’élèvent et courent le long de la paroi, déstabilisant finalement le monstre qui s’enfuit dans un râle rauque sans demander son reste.

Récupérant ensuite son chalumeau, non sans avoir félicité Marvin pour cet éclair de génie, Arkady achève de couper la porte. Ensembles ils entrent dans la salle des modules de secours. Mais celle-ci est aussi en partie inondée. Et un tentacule s’agite dans le milieu de la pièce.

Arkady et Marvin cherchent désespérément une solution du regard. Pas d’arme à feu dans les parages, ni de moyens d’accéder au module en contournant le tentacule. Ne leur reste finalement qu’une solution : attaquer de front ! 

Marvin saisit la hache de secours et attaque l’appendice, aidé par Arkady toujours armé de son chalumeau. À eux deux, ils réussissent finalement à découper le tentacule qui se contorsionne quelques secondes avant de s’effondrer au sol, inerte. Marvin et Arkady échangent un regard fatigué. Tous deux on été blessé dans la bagarre et quelques éraflures saignent sur leur visage et leurs bras. L’eau de mer qui leur coule dessus ne fait qu’aggraver leur douleur.

Soudain, des raclements inquiétants résonnent dans le couloir. Sans doute des créatures attirées par l’odeur du sang. Il est temps de partir mais il y a probablement d’autres survivants qui auront besoin d’un pilote.

Au local des scaphandres, alors que Kychloreine lutte toujours contre la créature, Vayne décide de cesser de se cacher pour se mêler au combat. prenant son courage à deux mains, le scaphandrier se jette à l’assaut de la créature. Avec son aide, Kychloreine réussi à fracasser le crâne de la créature. Sans perdre de temps à reprendre son souffle, elle enfile ensuite un scaphandre. Au bruit, les deux compagnons comprennent assez vite que d’autres créatures semblent approcher. Décidés à ne pas utiliser la force cette fois, ils se glissent en silence dans une coursive annexe. Se déplaçant aussi silencieusement que possible dans le sous-marin, ils évitent avec soins les quelques créatures errantes. 

Arkady et Marvin ont décidé d’attendre le plus possible que d’autres survivants les rejoignent, mais il ne reste que peu de temps avant que des créatures ne passent la porte. Pour le moment, elles sont craintives, mais cela ne va pas durer éternellement. Bien décidé à ne pas rendre les armes pour autant, Marvin tente de tenir les créatures à distance avec le chalumeau tandis qu’Arkady prépare le module pour un démarrage d’urgence

Arrivé proche des modules de secours, Vayne et Kychloreine constatent que des dizaines de créatures barrent la route. Par signes, ils mettent en place leur stratégie. Vayne va tenter une diversion pendant que Kychloreine fera exploser une charge qu’elle a récupéré en cours de route. Vayne utilise alors la clé anglaise de Kychloreine et la lance à travers le couloir. Le lancé est réussi et la plupart des créatures détournent leur attention de la porte pour se tourner vers l’origine de ce tintement métallique. Pendant ce temps, Kychloreine achève de préparer son explosif.

Alors que le chalumeau commence à perdre en puissance, une explosion retentit dans le couloir. Marvin se précipite dans le module avec Arkady et ferme l’écoutille. À peine celle-ci vient-elle de claquer, qu’un mur d’eau envahi la hangar à modules du « Nautilus II ».  Manœuvrant avec dextérité entre les débris, Arkady parvient finalement à sortir le module de la carcasse du sous-marin qui se disloque petit à petit sous les explosions et la pression des fonds-marins. 

Vayne et Kychloreine, profitant du fait d’être dans un scaphandre autonome, sortent à leur tour de la carcasse de l’appareil et rejoignent le module. Arkady éjecte le grappin d’amarrage pour leur permettre de s’y accrocher avec leur mousquetons. 

— Arrimage fait, lui confirme Marvin lorsque leurs deux équipiers à l’extérieur lui font signe par le hublot qu’ils sont accrochés.

— Chasse rapide aux ballasts, annonce Arkady en poussant quelques boutons. Assiette +30, cap 180°, vitesse 15 nœuds ! Accrochez-vous ça va secouer !

Dans une gerbe d’eau, les ballasts se purgent pour permettre au sous-marin de remonter le plus vite possible. La pilote s’aligne dans l’axe de la Fosse et lance ensuite les moteurs à pleine vitesse. L’angle de la remontée est impressionnant et les deux passagers sont collés par la gravité dans leurs sièges. Autant que possible, à travers les hublots, Marvin surveille que Vayne et Kychloreine encaissent correctement la remontée rapide et que les amarres tiennent bons. 

Ballotté par le module qui remonte à toute vitesse, Vayne parvient néanmoins à se tourner assez pour jeter un coup d’œil sous ses pieds. Le « Nautilus II » achève d’exploser dans une gerbe de lumière qui lui permet de distinguer un calamar géant occupé à finir de détruire ce qu’il reste de leur sous-marin. C’est alors qu’il réalise qu’ils sont pris en chasse par les créatures humanoïdes qui les ont attaqués à bord. Heureusement, alors que la surface se rapproche et que la luminosité se fait plus forte, les créatures abandonnent la chasse pour s’en retourner vers leur royaume des profondeurs marines. Vayne se tourne alors vers Kychloreine avec laquelle il échange un regard de soulagement. 

Ils sont tirés d’affaire !

Au fin fond de la Fosse des Mariannes, par près de 11 000 mètres de fond, alors que l’obscurité a repris ses droits, ne restent, comme témoignages de cet exploit et de cette tragédie, que la carcasse d’un sous-marin de haute technologie et les dizaines de cadavres d’aventuriers qui ne repartiront jamais de ce royaume où ils n’auraient jamais dû entrer…

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