Mes chers amis, non, vous ne rêvez pas, Bob le nettoyeur est de retour.
Et oui, maintenant que j’ai claqué mes différentes primes et salaires dans des vacances – 1 étoile les vacances, j’avais pas les moyens de me payer du 4 étoiles ! – il faut bien que je reprenne balai et serpillère pour à nouveau pouvoir remplir la gamelle. La petite nouveauté c’est que cette fois, le patron m’a collé un stagiaire. J’ai décidé de l’appeler S37. On fait comme ça dans la Marine de l’Espace avec les petits nouveaux. On leur donne un numéro et si au bout de 6 mois ils sont toujours en vie ils ont le droit d’être appelés par leur petit nom. Donc, jusqu’à ce qu’il fasse ses preuves, ça serra S37.
J’espère qu’il va vite les faire, ses preuves, d’ailleurs. Pas que j’veux pas de compagnie, mais si c’est pour me rajouter du boulot à repasser derrière lui merci bien. Enfin, on verra ce que ça donne. D’après ce que j’ai compris, on sera pas trop de deux à nettoyer ce nouveau carnage alors je vais tenter de faire contre mauvaise fortune bon cœur – et oui, j’ai un cœur, qui l’aurait cru !
Localisation : “La Pagode Zilla”, Planète Terre, Japon, quartier Yakuza.
Ah oui, joli l’endroit.
Pour une fois ça me change des vaisseaux ou stations spatiales scientifiques. Ici tout brille de partout – sauf les zones pleines de sang – et on se croirait dans un musée. Le sol est recouvert d’une matière brillante et tellement réfléchissante, qu’on peut y voir les plafonds. Les escaliers centraux sont monumentaux et les rampes sont en bois. Sans parler des tapis brodés et des jolies étagères en verre.
Y a pas à dire ça claque ! Ça claque vachement plus qu’une vieille station en métal rouillé avec des bruits bizarres.
Maintenant, même si le décor est magnifique, le côté charnier, lui, ne change pas. De ce que je vois, corps et cadavres sont aussi au rendez-vous. Sans parler des traînées de sang, des douilles et des armes qui trainent un peu partout. J’espère qu’S37 va pas tourner de l’œil à la vue du sang !
Bon, allez, soyons honnête, il semble pas mal ce stagiaire. J’ai même pas fini de lire de briefing qu’il commence déjà le ménage. Au moins il a pas deux mains gauches et visiblement il a pas peur de se salir.
D’ailleurs, la compagnie est sympa, on a chacun une serpillère. Comme ça, pas besoin que je prête la mienne au stagiaire.
En tout cas, il y a une belle collection d’armes dans cette pagode. Dommage que les occupants aient choisi de les utiliser plutôt que de simplement les exposer. J’vous dis pas le boulot. Mais bon, allez courage ! En plus, on est deux cette fois. Et avoir un peu de compagnie, ça change de d’habitude. Ça va clairement rendre l’ambiance moins glauque.
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J’ai peut-être parlé un peu vite.
Finalement, S37 est pas complètement une lumière.
Déjà, quand il trimballe les cadavres, il peut pas s’empêcher de les laisser traîner partout. Du coup, va pour du sang en plus sur une vitrine, puis sur le sol ou alors sous ses pieds. Ensuite, il oublie de fermer l’incinérateur, résultat les cadavres ne sont pas incinérés suffisamment vite, ce qui encombre la machine. Enfin, le temps que je ferme la porte de l’incinérateur, il parvient à me renverser 2 seaux sales. Super ! Sans parler de sa serpillère qu’il nettoie dans la fontaine de l’entrée et non dans un seau…
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Ha ha ! Le distributeur de poubelle vient d’offrir à S37 son premier morceau de cadavre. Au moins une constante qui ne change pas, le matériel est toujours aussi merdique…
Mais bon, ça forge le caractère, et S37 découvre le métier comme ça !
Ah…
Juste retour de karma. J’avais même pas encore fini de me moquer de mon stagiaire que j’ai eu moi aussi le droit à un bout de cadavre en lieu et place d’une poubelle. Pas de jaloux comme ça.
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Finalement, S37 est rapide et efficace quand on met de côté les deux trois réglages qu’il reste à faire au tout débutant. En tout cas, le sang ne semble pas lui faire peur. Pas plus que de devoir manipuler des restes de cadavres.
Du coup, j’sais pas si j’dois le féliciter d’avoir les tripes bien accrochées ou si j’dois m’inquiéter de sa santé mentale vu que ce genre de décor ne lui fait aucun effet.
On verra avec le temps.
J’ai vu des plus gros costauds que lui craquer mentalement au bout de quelques combats bien gores et bien dégueux. Personne ne sait jamais quand la goutte de sang de trop va arriver. Mais s’il tient jusqu’au bout, peut-être que je n’serai plus le seul employé sur qui le patron pourra compter et qu’il voudra l’embaucher.
Reste à savoir si je prendrais cette nomination comme une aide appréciée et bienvenue ou comme une concurrence déloyale…
Bof, on verra bien.
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L’élimination des statues cassées n’est pas une sinécure. La poubelle n’est pas assez grande, il me faut donc faire une quantité phénoménale d’aller-retour pour une simple statue. Heureusement qu’on est deux finalement.
Une fois la première salle clean, nous attaquons donc la seconde salle.
Même topo : des cadavres, des armes, du sang, des viscères, des douilles et du verre brisé un peu partout. Par contre, petite nouveauté, cette fois nous avons un second incinérateur et un second distributeur de seaux dans la pièce. Ça va nous simplifier le ménage.
Tiens, un cadavre planté dans le mur. Ça fait sympa comme décor.
Ah…
En décrochant le cadavre celui-ci s’est décomposé en plusieurs morceaux. Zut j’aurais dû le laisser à S37 pour voir sa réaction.
Ouais bah on s’amuse comme on peut. Et le bizutage ça fait partie des traditions du boulot !
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S37 vient de me faire une réflexion plutôt… intéressante. Il vient de me demander comment fonctionne la machine à seau. C’est vrai qu’en y réfléchissant bien la machine est presque plus petite que le seau livré. Du coup, effectivement, la question se pose de “comment ça marche”.
Sauf que j’en sais rien moi.
Je suis nettoyeur, ancien bidasse, mais clairement pas ingénieur.
Est-ce que j’en pose des questions, moi ?
Répondez pas, c’est une question rhétorique !
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Alors que je jette encore un bout d’organe dans l’incinérateur, je me fais soudain une étrange réflexion – ouais, ouais, ça m’arrive aussi figurez-vous !
Est-ce qu’il y aurait pas moyen de remettre tous ces bouts d’organe à des organismes pour faire des dons ? Genre pour des greffes ou des trucs comme ça ?
Non, mais me regardez pas comme ça. Avouez que vous vous êtes aussi posé la question en vrai. S37 aussi me regarde bizarrement alors que je pose la question à voix haute…
Alors, oui, sur le principe, les organes trainent au sol et on sait pas trop depuis combien de temps ils sont là. Mais en vrai… Z’allez pas me faire croire que personne n’y a pensé avant. Surtout avec toute la technologie dont on dispose et les économies de bout de chandelles que les gouvernements tentent de faire à gauche et à droite.
En vrai, si un jour on venait à découvrir du recel de cadavre dans la médecine, ça me surprendrait même pas…
Voilà… voilà ! je savais bien qu’il fallait pas que je me pose des questions. Maintenant si un jour je suis greffé je vais me demander d’où vient le morceau qu’on me remet…
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Bon.
Je sais qu’on a un règlement intérieur et une charte. Je sais qu’il est interdit d’empêcher les gens d’aller se soulager.
Mais là, S37 qui se barre en “pause technique” juste au moment où j’annonce qu’il faut rapporter tous les name-tag qu’on a trouvé dans le punch-o-matic. C’est quand même abusé. Je me suis tapé solo tous les aller-retours pour rapporter ces trucs.
Et le voilà qui revient tout guilleret pile au moment où j’ai fini.
Mouais…
Je vais pas le louper moi sur son rapport de stage.
J’me suis jamais permis la moindre pause technique pendant mes missions, moi. Et heureusement. Est-ce qu’on va en “pause technique” en plein milieu d’un champ de bataille ? Non ! Bah là c’est pareil !
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Ça y est j’ai craqué.
On a trouvé une radio dans la première pièce. C’était sympa, ça mettait un peu d’ambiance.
Mais là, ça fait 3 minutes qu’elle est partie en solo de musique épique à fond… Impossible de baisser le son, de la couper ou de changer de station.
Du coup j’ai craqué. Elle vient de finir dans l’incinérateur.
D’un coup l’ambiance est plus vraiment la même soudainement…
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Wouhou ! Je m’améliore ! J’ai réussi à rattraper in extremis le bout de cadavre que m’a livré le distributeur. Pour une fois, pas de tache de sang partout. C’est resté clean.
C’est avec cette petite victoire que nous terminons le nettoyage de l’étage.
Tout semble clean. Il ne nous reste qu’à refaire un dernier tour avec le détecteur de sang pour être sûrs de ne rien oublier et ça sera bon. Cette fois, pas de kit médical à remettre en place, pas de caisses à déplacer dans la zone de stockage. Ça semble presque trop simple.
Pourtant, tout semble ok.
Plus qu’à valider notre travail sur l’appareil et on pourra rentrer.
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Yahouuuu ! On a été promu.
Bon, bah du coup, pour fêter ça j’ai choisi d’être plutôt sympa sur le rapport du gamin et de lui mettre aussi une bonne note. Après tout, c’est un peu grâce à lui si ça s’est si bien passé cette fois.
J’ai même indiqué au patron que je suis prêt à refaire équipe avec S37. Peut-être même que je pourrais lui demander son nom pour la prochaine fois…