Biographie d’Aëla

Je suis née à l’aube, le 21e jour de Semailles de l’an 164 de la Quatrième ère. Bien que Bosmer, c’est à Martelfell, chez les rougegardes, que je vis le jour. Une province à laquelle ma famille était complètement étrangère, mais qui allait devenir ma terre natale, et la seule que je connue des années durant. Mes parents, Gaelen et Indrilyn, étaient tout ce qu’il y a de plus aimants. C’est tout du moins le portrait que m’en a toujours fait mon oncle puisque je n’ai que vagues souvenirs d’eux.

Quelques mois avant ma naissance, mes parents avaient fait le choix de tout quitter pour partir vivre à Skaven dans la province de Martelfell. Bien qu’en proie à une guerre civile, ils pensaient que la province pourrait leur offrir un nouveau départ et qu’ainsi je pourrais voir le jour dans un endroit plus paisible. À cette époque la situation en Val-Boisé était compliquée. Rattachée au Domaine Aldmeri, sous le joug Thalmor, notre terre natale se voyait chaque jour un peu plus envahie par de nouvelles troupes qui s’éparpillaient ici et là dans les bois. Mes parents pensaient alors que ces troupes étaient destinées, soit à purger Val-Boisé, soit à entrer en guerre contre l’Empire en Cyrodill. Fuir de Val-Boisé une fois le conflit armé ouvert avec Cyrodill était impensable, et les pogromes menés par le Thalmor étaient si nombreux qu’une purge pouvait être également à l’origine de ce rassemblement soudain. 

Malheureusement ils avaient été mal informés car les rassemblements de troupes aldmers aperçues en Val-Boisé et qui les avaient convaincus de fuir nos terres, marchèrent finalement sur Martelfell dès le début de la Grande Guerre. Ainsi, notre province d’accueil fut envahie par les Aldmers. Et c’est en l’an 173, dans la ville même où ils avaient fondé tous leurs espoirs de renouveau, que l’armée aldmer donna sur la cité un assaut qui leur fut à tous deux fatal. C’est ainsi que mon oncle Allrindil hérita de moi. J’étais alors âgée de 9 ans, lui approchait les 211 ans. De ma famille, il était tout ce qu’il me restait, ou presque, et je liais avec lui une relation fusionnelle.

En route pour Bordeciel

Vers l’âge de 10 ans, nous prîmes la route de Bordeciel, une province voisine dont j’avais souvent entendu parler dans mon enfance. Cette province riche et puissante au climat difficile n’était pas particulièrement connue des Elfes des bois, mais des derniers membres de ma famille si. Des cousins éloignés s’y étaient installés quelques années avant le coup d’état en Val-Boisé. 

C’était “ma toute première aventure”, en tout cas, c’est ainsi que j’aimais appeler ce voyage qui fut, de ce que je me souviens, tout à fait tranquille. Les souvenirs de cette époque restent cependant bien vagues mais je sais que cette rencontre tenait particulièrement à coeur à mon oncle qui avait prévu ce voyage depuis longtemps. Allrindil, lui, avait très vite compris à l’époque que mon enthousiasme était plus dans le voyage en lui-même que dans la rencontre avec ces cousins éloignés qui ne m’intéressaient que peu. À l’époque je le considérais comme mon unique famille et je restais indifférente à cette famille dont j’ignorais tout. Le climat, bien moins chaud qu’à Martelfell, fut très plaisant et j’appréciai tout particulièrement les bois de Bordeciel où je passais la plupart de mon temps malgré mon jeune âge, au grand désarroi de mes gardiens.

Allrindil repartit à Skaven et ne revint me chercher qu’à la fin de l’année 175. Ma ville natale avait alors été reprise par les rougegardes des mains de la général Thalmor Arannelya et le traité de l’Or Blanc avait été signé par l’Empire. Un traité qui remit tout en cause. D’une part il instaura le bannissement du culte de Talos, ce qui en Bordeciel causa une grande vague d’indignation, et qui en langage nordique laissait penser qu’une guerre civile pourrait éclater à tout moment. D’autre part, le traité stipulait la cession de grands territoires au sud de Martelfell au Domaine Aldmeri, divisant ainsi la province en deux. Les rougegardes se sentirent trahis par l’Empire. Ce qui, au vu de la fierté rougegarde, signifiait également que la paix ne durerait pas longtemps. Mais à 10 ans, tout ce qui me préoccupait était d’être de nouveau en compagnie de mon oncle et de rentrer chez nous, à Skaven. Je ne fus donc pas attristée à l’idée de quitter Bordeciel. À l’époque je considérais en effet mon oncle comme mon unique famille, bien plus qu’une lointaine famille de Bordeciel dont j’étais indifférente.

À l’aube de mes 15 ans je menais la vie dure à Allrindil, qui perdait doucement patience avec moi. À ma décharge, je ne me rendais pas compte, à l’époque, de la situation politique complexe dans laquelle était plongée Martelfell et les dangers que nous encourions à y vivre. La province, refusant d’accepter le Traité de l’Or Blanc fit sécession de l’Empire et reprit la guerre pour repousser le Thalmor du territoire. Déjà 4 ans que cette guerre durait et par chance, Skaven, aux mains des rougegardes n’étaient pas le pire endroit en Martelfell où vivre. Pour autant je suppliais mon oncle de m’emmener avec lui en Val-Boisé car je ressentais un besoin grandissant de connaître la terre de mes ancêtres. Ses absences répétées, souvent de longs mois, rendirent notre relation plus conflictuelle. Mes mots plus durs. La guerre qui nous suivait partout depuis ma naissance nous avait transformés et je regrettais presque ma vie dans les bois de Bordeciel.

Je fus finalement confiée au bon soin d’une famille brétonne à Refuge, un peu plus au Nord à Hauteroche. Nous eûmes alors avec mon oncle l’une des plus violente dispute dont je me souvienne, et nous nous quittâmes alors sur une conversation douloureuse à laquelle il m’est difficile de repenser. Allrindil leur faisait complètement confiance mais je lui jurai que jamais je ne me lierai à eux. Ce qui, bien évidemment ne dura que peu de temps. D’une part la vie là-bas fut la plus paisible qu’il m’ait été donné de connaître, et d’autre part la famille avait deux enfants de mon âge avec qui je pus partager deux années agréables.

L’année 180 fut marquée par l’indépendance de Martelfell et la signature du Traité de Stros M’kai. Définitivement libérés du Thalmor et de l’Empire, les rougegardes pouvaient enfin savourer leur victoire. Mais même à mon âge je compris que la province ne se relèverait jamais des guerres qui avaient frappées la population depuis ma naissance. De la guerre civile, de l’invasion Thalmor et des ces cinq années de sécession, il ne restait que des villes en feu et des territoires dévastés.

Je passai tout le reste de mon adolescence à Martelfell, non sans réaliser quelques allers-retours vers Refuge à différents moments de l’année. J’avais en effet gardé de très bons contacts avec la famille brétonne qui m’avait accueillie. Et il me semble qu’Allrindill appréciait également s’y rendre. Pour le reste, ainsi que les autres rougegardes que je connaissais, je fus entraînée à l’art du combat très jeune. Je suivais alors les enseignements pour devenir éclaireur. Entraînée depuis longtemps au tir à l’arc par mon oncle j’avais, de ce fait, quelques facilitées dans ce domaine.

Pendant cette période d’après-guerre, nous retournâmes finalement une dernière fois en Bordeciel. Même si les nordiques vivaient mal le Traité de l’Or Blanc la situation semblait stable. Mes cousins semblaient réussir leur vie là-bas, et je me demandais parfois ce qu’aurait été la mienne si mes parents avaient choisi de les rejoindre plutôt que de partir pour Skaven. Je me souviens que nous devions séjourner chez eux quelques mois mais notre visite fut finalement écourtée. J’avais pu vaguement entendre Allrindil et Baenndor se disputer, mais je n’en sus jamais davantage sur les raisons de leur discorde. D’habitude plutôt curieuse, la contrariété évidente de mon oncle me poussa, pour une fois, à ne pas creuser davantage le sujet. Nous reprîmes simplement la route pour Skaven. Sombreciel n’était plus loin, et j’étais plutôt contente de ne pas passer l’hiver dans cette région particulièrement froide.

Les années qui suivirent furent plus compliquées pour moi. Adolescente, je grandissais avec le sentiment de plus en plus présent de ne pas être complètement à ma place au milieu des rougegardes. Le lendemain de mes 18 ans je fis le choix, qui, je l’admets aujourd’hui, n’avait rien de mature, d’harceler de nouveau mon oncle pour qu’il m’emmène en Val-Boisé. J’avais même envisagé à l’époque de lui donner un ultimatum, risqué, certes, mais efficace : celui de me rendre avec ou sans sa compagnie là-bas. Nous n’eûmes cependant pas à en arriver là puisque poussé par l’envie de me faire découvrir mes racines, ou simplement las de mes demandes répétitives, il accepta enfin de m’y emmener.

Plus la date du départ approchait, plus mon enthousiasme grandissait. Pourtant, Allrindil ne semblait pas à l’aise à l’idée de se rendre en Val-Boisé. Ce qui, à l’époque, ne me semblait qu’être un manque d’enthousiasme vis-à-vis de l’excitante aventure qui nous mènerait dans le sud de Tamriel. Je sais maintenant que les souvenirs qui remontèrent de ce voyage furent, au contraire, particulièrement douloureux.

La paix étant de mise grâce au Traité de l’Or Blanc, nous n’eûmes pas de difficultés particulières à descendre vers le Sud. Le voyage fut cependant éprouvant. Le Sud de Materlfell était à l’agonie. Les terres de Kvatch et Anvil n’étaient guère en meilleur état. J’avais connu, depuis mon enfance, la guerre et ses conséquences mais je dois dire que ce voyage fût à jamais gravé en moi. Nous arrivâmes finalement à la Marche de la Camrade, zone frontalière de Val-Boisé où nous rencontrâmes un groupe de bosmers avec qui Allrindil avait pris contact quelques mois auparavant. Je me souviens plus particulièrement d’une femme qu’Allrindil semblait particulièrement heureux de revoir, et que le groupe de bosmer qu’elle dirigeait semblait respecter particulièrement. Nous passâmes quelques jours au sein de leur camp provisoire, jusqu’à ce que mon oncle se décide à m’expliquer que la suite du voyage ne serait pas celle que j’imaginais. Il n’avait jamais eu l’intention de mettre un pied en Val-Boisé. Tout cela semblait si logique, pourtant je ne m’étais jamais inquiétée de la situation politique. Du fait que Val-Boisé était encore sous domination du Thalmor et que mon oncle, du fait de son passé et de son activité y serait en danger.

Grâce aux contacts de mon oncle je pus m’installer dans une région particulièrement reculée, loin des yeux du Thalmor. Je considère ce moment de ma vie comme un véritable tournant. Je me rapprochai des cultes Bosmers qui ne m’étaient pas familiers pour la plupart. Le plus dur fut pour moi de m’adapter au Pacte vert. Confectionner des outils et armes à partir d’os ou de bois de cerf fut pendant longtemps un échec cuisant. J’excellais bien d’avantage dans la pratique, et grâce à l’entraînement martial rougegarde, je rejoignis le groupe de chasseurs de la tribu en tant que Jaqspur, tireuse à longue distance. J’appris beaucoup de ma nouvelle vie en Val-Boisé et je me sentais particulièrement apaisée et pleine de sérénité à vivre au sein de mon peuple, comme si toute chose était finalement à sa place (bien que que les fruits et les légumes me manquèrent cruellement).

Avec la participation de

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