Scénario du RP : Arkady
Joueurs : Aëla, Asazir, Epione, Max, NFX, Pwesci, Vayne, Zoryynn
Novélisation du texte : Arkady

En cette année 1066, dans une bourgade normande perdue à l’orée d’une sombre forêt, les cloches du petit couvent à la sortie du village viennent de sonner les Complies. Il est temps pour chacun de regagner sa couche après une rude journée. Chacun s’endort donc tranquillement, qui dans son lit, qui dans le lit de l’unique auberge du coin. La nuit s’annonce calme et paisible et la pleine lune, grâce à l’absence de nuages, éclaire pleinement les toits et les ruelles vides.
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C’est l’air froid et l’humidité qui réveillent le groupe. Lorsqu’ils ouvrent les yeux, chacun constate qu’ils sont toujours dans leur tenue de nuit, et qu’il fait toujours sombre. Mais les rayons de lune sont maintenant filtrés par les arbres alentour. Un courant d’air froid et mordant tourbillonne autour du petit groupe tandis qu’ils observent les environs avec effroi. Ils ne sont visiblement plus dans leur lit.
La première surprise passée, même si personne ne s’explique comment ils se sont retrouvés ici, chacun constate que devant eux se trouve une sorte de carrefour avec deux chemins qui s’enfoncent dans les profondeurs de la forêt. Sur la gauche, le chemin semble presque absorbé par des buissons épineux et tortueux. Sur la droite, une brume étrange recouvre le sentier et le froid glacial qui arrive jusqu’à eux provient d’ici sans aucun doute. Derrière eux, soudain, un grognement bas, étrange et menaçant se fait entendre et les buissons dans votre dos semblent frémir…
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Au bruit dans les fourrées, chacun prend ses jambes à son cou, sauf NFX le chevalier qui décide, bien campé sur ses pieds, d’attendre la chose qui se tapit dans les fourrés. A peine les autres ont-ils disparu à l’angle des sentiers, qu’une créature, haute comme un sanglier mais avec des crocs en place des défenses et une fourrure d’un noir d’encre sort du buisson en grognant sur l’intru. Ses petits yeux rouges et porcins sont fixés sur le chevalier tandis que le grognement monte de plus en plus dans la gorge de la bête. Soudain, sans un signe avant coureur, elle fonce sur NFX. Habitué aux combats et aux mêlées, celui ne bouge pas jusqu’au dernier moment et se jette au sol pour éviter la charge. Trop lourde pour changer de direction, la bestiole le rate et se brise la nuque contre un tronc.
En se relevant, NFX constate qu’un sentier serpente par là où est venue la bête. Plusieurs options s’offrent à lui. Essayer de rejoindre les autres par les sentiers qu’ils ont pris. Ou remonter la piste de la créature pour découvrir d’où elle vient.
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Aëla, Vayne et Zoryynn n’ont pas attendu de savoir ce qui se cachait dans les fourrés. Ils ont pris leurs jambes à leurs cous. Ils s’enfoncent sans hésiter dans la brume du sentier de droite. Aussitôt un froid glacial les enserre, brûlant leurs poumons tandis qu’ils s’essoufflent rapidement à la course. Après quelques mètres, la panique reflue et ils ralentissent en se rendant compte que personne ne les suit.
Très vite, Zoryynn ressent le froid mordant autour de lui et commence à claquer des dents fortement. Aëla, en tant qu’apothicaire habituée à aller chercher des herbes dans la forêt, s’avère moins sensible au froid. Tout comme Vayne qui en tant que meunier est également habitué à travailler dans le froid, mais ils commencent tous deux aussi à le ressentir. Il leur faut donc quitter vite les lieux avant de finir complètement gelés. En regardant les alentours, ils se rendent compte que la brume de froid semble se tenir uniquement sur le chemin. Peut-être qu’en le quittant ils auront moins froid, mais il n’y a guère de sentier parallèle. Il leur faudra donc couper à travers les buissons et les fourrés. A moins qu’ils choisissent d’accélérer pour essayer de trouver la fin du sentier au plus vite.
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Sur le sentier de gauche, Pwesci et Epione se sont élancés au milieu des buissons et des branches. Heureusement pour eux, en tant que bûcherons, leur expérience de la forêt leur permet d’éviter les plus gros épineux et de traverser indemnes. Asazir et Max les apothicaires essayent d’imiter leurs mouvements avec un peu plus de lenteur et une moins bonne réussite mais ils s’en sortent assez bien également. Même si de légères griffures commencent à apparaître sur leurs jambes et leurs mains. Leur avancée est lente. Perturbée par les précautions qu’ils doivent prendre pour éviter de grosses blessures. Tout autour d’eux, le silence est lourd, pesant et étouffant. Pas un chant d’oiseau, pas un cri d’animal, pas le moindre petit bruissement de vent.
Après une bonne heure de marche laborieuse, ils arrivent devant un petit cours d’eau. Celui-ci est trop large cependant pour être franchi d’un simple saut. Pas de pont en vue et l’eau est trop trouble pour voir le fond et savoir s’il y a de la profondeur ou non. Il va falloir faire prendre le risque de traverser à pied. Ou alors prendre du temps pour essayer de construire un pont de fortune.
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Sans attendre de voir si d’autres créatures arrivent par la sente, NFX décide de se précipiter vers le sentier de droite. Le froid lui transperce aussitôt la peau et brûle ses poumons. Il force sur ses jambes pour essayer de rattraper les autres. Après tout l’attaque n’a duré qu’une poignée de minutes, il devrait pouvoir les retrouver assez vite. Et justement, il rattrape le petit groupe composé d’Aëla, Vayne et Zoryynn à l’instant où ceux-ci s’apprêtent à quitter le sentier pour tenter leur chance par les fourrés.
Dès qu’ils quittent la brume, le froid se fait moins mordant. Leur peau se réchauffe un peu, mais leur progression est entravée par les fourrés et les buissons. Ils sont obligés de forcer à travers la végétation pour progresser et leur avancée se fait laborieusement. NFX qui ferme la marche, remarque alors que sur les feuilles basses, ils laissent tous de légères traces de sang, dues aux griffures qu’ils récoltent en avançant. Au bout d’un long périple cependant, ils finissent par arriver dans une petite clairière.
Dans la partie ouest de la clairière, les traces laissent deviner un nouveau sentier relativement dégagé qui poursuit dans les bois. Aëla remarque également dans les fourrés quelques plantes qui pourraient servir à faire cesser les saignement de leurs jambes et les montre à tout le monde. En tendant l’oreille, il leur semble entendre des bruits au loin. Est-ce le vent dans les feuilles ou un animal dans les bosquets, ils ne sauraient le dire. Chacun se regarde, se demandant à présent quoi faire. Doivent-ils poursuivre sans attendre vers l’ouest, ou prendre le temps de soigner les saignements ?
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Sans perdre un instant, le second groupe composé de Max, Asazir, Pwesci et Epione décide de trouver de quoi faire un pont. Il est hors de question pour eux de mettre un orteil dans le cours d’eau. Chacun cherche désespérément des branchages assez épais pour pouvoir supporter leur poids et assez long pour enjamber le cours d’eau. Le tout sans trop s’éloigner des autres évidemment. Finalement, et après un tri de la part des deux bûcherons pour écarter tout ce qui semble trop fragile ou trop fin, un ensemble de 4 grosses branches est retenu. Rapidement, avec quelques bouts de lierre trouvés ici et là, ils assemblent sommairement un pont. Ils traversent alors sans trop de difficultés, l’expertise des bûcherons s’avérant essentielle pour la solidité de la structure. Néanmoins, ils ont pris pas mal de temps pour construire l’assemblage et derrière eux des bruits de pas semblent approcher.
Devant eux, malheureusement, le sentier ne semble pas vouloir s’éclaircir. Au contraire, il semble même s’enfoncer dans un roncier géant dont les épines pointent de façon menaçante vers eux. Soudain, derrière eux une respiration rauque et menaçante se fait entendre.
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D’un commun accord, dans le 1er groupe, tout le monde décide de s’arrêter dans la clairière. Le temps de souffler un peu et de soigner les diverses blessures. Aëla prend le temps de préparer quelques emplâtres à base de plantes qu’elle dépose sur les jambes et les mains de tout le monde. Très vite les saignements se stoppent.
Alors que tout le monde souffle un peu, voire même commence à se détendre, un craquement brusque se fait entendre à l’orée de la clairière. Sur le qui-vive, chacun se relève et scrute les alentours. Zoryynn, dont les yeux de voleur sont habitués à repérer les choses de loin remarque très vite les deux yeux rouges et luisants qui les observe. Sans geste brusque, d’un simple raclement de gorge et d’un signe de tête, il désigne la zone. Il faut quelques secondes de plus à Vayne, NFX et Aëla pour trouver ce que Zoryynn tente de leur montrer.
Comme si elle se savait découverte, la bête s’avance lentement dans la clairière. Elle est du même acabit que celle qui a attaqué NFX un peu plus tôt. Massive comme un sanglier, mais plus haute sur pattes. Une fourrure noire et des yeux rouges comme l’enfer qui passent de l’un à l’autre tranquillement, posément, comme pour les jauger. Du fond de sa gorge, remonte un grondement bas, presque inaudible qui pourtant hérisse les poils de chacun, même du chevalier qui pourtant à connu maintes batailles. Elle avance. Doucement. Par petits pas. Sa fourrure se hérisse petit à petit sur son dos, tandis que le grondement monte en intensité. Comme hypnotisé, personne ne bouge dans la clairière, et chacun retient son souffle. Les crocs luisant de bave, elle ouvre plus grand la gueule pour pousser un hurlement aigu qui sort finalement le groupe de sa torpeur presque hypnotique.
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Sans prendre le temps de voir si quelque chose va vraiment sortir des fourrés, Epione et Asazir se précipitent dans le roncier, laissant une partie de leurs vêtements et quelques bout de peau contre les épines. Dans la foulée, Max et Pwesci grimpent prestement chacune à un arbre à proximité. Heureusement pour Max, en tant qu’apothicaire elle a l’habitude de devoir parfois aller chercher du gui dans les branches les plus hautes. Pwesci, plus habituée à couper du bois depuis la terre ferme, a un peu plus de mal à grimper. Mais elle parvient tout de même à se hisser à bonne hauteur. Alors que chacun se fige, qui au milieu du roncier, qui dans son arbre, une créature massive à la fourrure noire et hérissée se précipite juste sur leur pas.
Elle pousse un hurlement de rage en voyant ses proies disparaître dans les arbres. Sa tête se tourne un instant vers le roncier, où Epione et Asazir constatent qu’il n’y a pas vraiment d’issue à ce roncier. Cependant, ils décident de s’enfoncer le plus profondément possible dans les ronces, faisant fit des épines. La bête s’approche de l’entrée de leur cachette. Hume une seconde l’endroit mais détourne la tête alors que quelques épines s’accrochent à sa peau et la font saigner. Elle ne semble pas prête à prendre le risque d’y entrer et délaisse ses deux premières proies pour revenir tourner autour des arbres dans lesquels Pwesci et Max tentent de garder leur équilibre. Avec rage, elle commence à tenter de sauter pour attraper tout ce qui pourrait arriver à sa portée. Mais Max et Pwesci sont heureusement suffisamment en hauteur.
Avec un grognement énervée, la créature entame alors un circuit. Allant de l’entrée du roncier à chaque arbre dans lequel se trouve une proie puis recommençant sa boucle. De leur arbre Max et Pwesci échangent un regard impuissant. Dans leur roncier, Epione et Asazir ne sont pas mieux lotis.
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Sans un regard en arrière, Zoryyn prend ses jambes à son cou et se précipite vers le sentier aperçu sur la partie ouest de la clairière. Habitué à courir pour sa vie, il disparaît très vite au détour du sentier. Aëla, NFX et Vayne, eux, tentent à l’inverse de faire front. Face aux trois humains qui se dressent devant elle, de façon la plus menaçante qu’ils peuvent, la bête hésite. Elle avance d’un pas, grogne, recule de deux. Galvanisé par le comportement de celle-ci, le petit groupe essaye de se faire encore plus grand, NFX allant jusqu’à grogner à son tour pour tenter de l’intimider.
Finalement, la bête tourne son regard vers l’endroit où Zoryynn a disparu très vite. Une seule proie, même rapide, sera sans doute plus facile à attraper que ce groupe qui tente de résister. Délaissant les trois intrus, elle se lance donc à la poursuite de Zoryynn. Les trois rescapés la regardent filer aux trousses du tire-laine avec un mélange de soulagement et de stupeur. Que faire maintenant ? Doivent-ils tenter de rattraper Zoryynn pour faire front à 4 ou essayer de trouver une autre issue quitte à l’abandonner ?
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Lancé dans une course désespérée, Zoryynn donne tout ce qu’il a dans les jambes. Ses années à fuir les gens d’armes pour sauver sa vie lui ont appris à gérer son souffle et à savoir quand il est traqué. Mais jamais il n’aurait cru un jour avoir une telle créature à ses trousses. Du fond de sa panique, il lui semble soudain entendre au loin d’autres grondements mais en pleine course difficile de savoir d’où ils viennent.
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Après un dernier regard vers les deux femmes coincées dans leurs arbres, Asazir et Epione se détournent et tentent de se frayer un chemin à travers le roncier sortir par derrière. Ce n’est pas chose aisée, les ronces leurs meurtrissent les mains, les bras et le visage. Ils peinent à se faufiler à travers ce dédale. Finalement, après ce qui leur semble une éternité de lutte acharnée contre la végétation, ils commencent à apercevoir une trouée. Avec précautions, ils sortent à quatre pattes de l’immense roncier et débouchent dans une petite clairière. Leurs mains et leur bras saignent abondamment après ce combat contre les épineux. Pour le moment, pas un bruit ne se fait entendre dans la clairière, mais en face d’eux un chemin se dessine clairement, sans épine ni rien qui ne vienne l’entraver. Se redressant précautionneusement ils s’observent, s’interrogent sur la marche à suivre.
Perchées chacune dans leur arbre, Pwesci et Max échangent un regard impuissant. Sous leurs pieds, la bête ne semble pas vouloir lâcher le morceau. Elle continue sa tournée, allant d’un arbre à un autre, délaissant le roncier depuis que les deux hommes se sont enfoncés plus profondément dedans. Parfois, elle tente encore de sauter pour attraper une de ses proie ou alors elle secoue l’arbre, en se cognant dessus. Sous leurs fesses, elles sentent que les branches qui leur servent de refuge ploient petit à petit. Pwesci, avec ses quelques connaissances, estime que les branches tiendront sans doute encore une vingtaine de minutes mais elle ne peut pas en être certaine. Elle en informe Max. Max de son côté, aperçoit une ruche deux branches au-dessus de Pwesci et la lui indique.
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NFX et Vayne n’hésitent pas une seconde, ils s’élancent à la poursuite de la bête dans le sentier ouest. Leur foulée est moins rapide que celle de Zoryynn, mais suffisante pour rattraper la créature engagée sur la piste du voleur. Lorsque celle-ci sent les deux hommes arriver sur elle, elle se retourne, pousse un nouveau grognement de frustration et montre les crocs avant de charger sans hésiter. Cette fois ils ne sont que 2 et lui font moins peur.
Comme lors de son premier affrontement, NFX reste bien campé sur ses jambes, fort de sa première expérience avec une créature similaire. Vayne est plus hésitant mais copie l’attitude de son compagnon. Lorsque la bête n’est plus qu’à 2 mètres d’eux, NFX hurle “plonge” à Vayne et les deux hommes s’écartent de la trajectoire de la créature. Malheureusement, Vayne, qui ne connaissait pas la tactique, a hésité une seconde de trop avant de plonger et la bête l’a attrapé par le mollet poursuivant sa course avec la jambe de sa proie bien serrée entre ses crocs.
Un cri de panique déchire le silence alors que Vayne est emporté dans l’ombre. Soudain, des grognements et des bruits de courses aux alentours indiquent que d’autres bêtes se sont jointes à la course, espérant participer à la curée finale. NFX hésite, du mieux qu’il puisse voir, le sentier semble dégagé, même si il bifurque assez vite, il peut même apercevoir une très légère lueur briller au loin. Dans les broussailles, la piste prise par les bêtes est nettement visible, laissant une large trace de sang au sol, Vayne est peut-être encore en vie…
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Zoryynn stoppe sa course effrénée le temps d’écouter attentivement les bruits autour de lui. De légers grognements se font entendre plutôt proches et clairement devant lui, légèrement sur sa droite, peut-être d’autres créatures. Une légère lueur émane également en direction de cette partie du sentier juste après un coude. Derrière lui, il entend également des pas plus lointains, quelques bruits de courses et de grognement qui semblent se rapprocher. Un peu plus en arrière encore, il lui semble entendre vaguement quelques éclats de voix. Soudain, une cohue se fait entendre dans les bosquets sur sa droite, comme si une harde de sangliers venait de charger juste à côté du sentier. Un cri retentit dans le silence qui s’ensuit puis il entend les sons s’éloigner sur l’arrière tandis que sur l’avant, tout redevient calme. Zoryynn hésite.
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Aëla est restée en arrière lorsque NFX et Vayne se sont engagées à la poursuite de la bête. Elle a fait de nouveau le tour de la clairière, scrutant minutieusement la moindre petite trouée pour tenter de trouver un autre chemin. Heureusement pour elle, sa connaissance de la forêt lui permet finalement de trouver une très légère trouée qui aurait pu échapper à des yeux moins aguerris. Avec précaution elle s’y engage, louvoyant entre les branches et les épines pour éviter de se faire de nouvelles blessures. Elle avance d’un bon pas, ayant pu reprendre quelques forces lors de leur précédente pause dans la clairière. Elle vérifie régulièrement ses arrières également pour s’assurer de ne pas laisser de traces de sang sur la piste qu’elle trace. Au fur et à mesure de son avancée, il lui semble apercevoir loin devant une lueur très légère.
Derrière elle soudain, elle perçoit un souffle, il est ténu, mais quelque chose avance clairement sur le même sentier qu’elle, à sa suite.
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Asazir et Epione entrent avec prudence dans la clairière. En en faisant le tour, Asazir découvre quelques plantes qui, lorsqu’elles sont mâchées, redonnent un peu d’énergie. Il en cueille quelques-unes qu’il donne à Epione et se met à grignoter les dernières. Après une bonne pause qui leur permet également de tenter de stopper les saignements aux jambes en se fabriquant des pansements de fortune avec quelques bouts de leurs vêtement, ils refont une dernière fois le tour de la clairière. C’est à cet instant qu’Asazir remarque également un autre petit sentier qui s’éloigne vers l’est. Il semble plus épineux que celui qui s’éloigne vers le nord lequel est clairement dégagé. En observant plus attentivement ce nouveau sentier, il remarque qu’une très légère lueur semble émaner au loin.
Soudain, les fourrés à l’ouest s’agitent et plusieurs paires d’yeux rouges se fixent sur les deux hommes. Galvanisés, ceux-ci se redressent, prêts à courir.
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Lorsque Max lui indique la ruche, Pwesci comprend tout de suite ce qu’on attend d’elle. Avec précautions, elle se redresse sur sa branche, et tend la main pour attraper celle au-dessus. Lentement, par petits gestes elle se hisse sur la branche supérieure. La sueur coule le long de son front alors qu’elle recommence l’opération. Elle n’a pas l’habitude de grimper aux arbres, seulement de les abattre. Il lui faut donc toute sa concentration pour parvenir sans glisser.
Depuis sa branche Max observe la progression de Pwesci. Sous ses fesses, elle sent le bois craquer lentement. Il ne lui reste clairement pas une vingtaine de minutes. Sous les arbres, la bête observe le manège de Pwecsi, la gueule dégoulinante de bave, semblant attendre avec impatience la chute fatale. Finalement après ce qui semble être une éternité, Pwesci se retrouve juste au-dessus de la ruche et commence lentement à tenter de la faire tomber. Un crac se fait alors entendre. Incrédule, Pwesci regarde la ruche toujours en place, ne comprenant pas d’où vient le bruit.
Max sent son cœur cesser de battre lorsque le “crac” se fait entendre de sous ses fesses. Alors qu’elle se sent tomber, le monde semble soudainement avancer comme au ralenti. Elle lève les yeux vers Pwesci et les deux femmes échangent un regard empli d’angoisse et de crainte. Puis, alors que Max touche violemment le sol, le temps semble reprendre son cours. Sans même que Max ait le temps de réagir, la bête lui fonce dessus. A l’instant même, la ruche enfin coupée par Pwesci chute juste à côté de la créature. Un bourdonnement s’élève de la ruche et une nuée d’abeilles passablement agacées se mettent à piquer tout ce qu’elles trouvent sur leur passage. Sans perdre de temps, la bête attrape Max par le bras et fuit les abeilles dans les fourrées, emportant sa proie avec elle.
De sa branche, Pwesci regarde impuissante Max disparaître laissant une trace de sang facile à suivre dans les broussailles. Alors qu’elle s’apprête à redescendre, un éclat lumineux attire son regard. Partant de l’arbre en direction de l’est, un léger sentier se dessine et au bout de celui-ci quelque chose semble briller. Pwesci hésite.
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Entraîné par la jambe par la créature, Vayne à l’impression que tout son corps va se disloquer. Son dos le brûle à traîner par terre et il sent plus qu’il ne voit les multiples blessures qu’il subit à cause des ronces et autres branches qui le frappent sans ménagement. Soudain, la course s’arrête et sa jambe est lâchée. pendant une fraction de seconde, il ressent un fort soulagement alors que le monde semble soudainement cesser de tourner. Il tente de se redresser mais son corps entier est perclus de douleurs, aussi lourd que la meule qu’il a l’habitude de tourner dans son moulin.
Avec un ultime effort, il parvient à se tourner sur le ventre, mais la douleur le laisse pantelant. Alors qu’il redresse la tête, son regard se plonge dans yeux lacs rouge qui l’observent à moins d’un mètre. Les crocs dégoulinant de bave la créature s’approchent de son visage alors que dans un dernier sursaut d’énergie il parvient à jeter son poing en avant dans le groin de la créature. Celle-ci recule, poussant un petit gémissement, surprise. Galvanisé par son exploit, Vayne s’apprête à recommencer quand un lourd poid lui tombe sur le dos, le plaquant au sol et l’étouffant presque. Un filet de bave tombe sur son oreille alors qu’il parvient à tourner la tête pour réaliser qu’une autre créature vient de grimper sur son dos. Ses yeux s’écarquillent de terreur alors qu’il voit deux crocs s’approcher de son visage.
Dans un horrible craquement, sa boîte crânienne explose sous la pression des mâchoires.
Et la harde se jette à la curée.
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NFX s’est élancé à la poursuite des bêtes, dans l’espoir de pouvoir sauver Vayne. La piste sanglante est facile à suivre. Il entend devant lui les bruits de cavalcade que font les bêtes dans leur course. Cependant, dans les fourrés, il se déplace bien moins vite qu’elles et il peine à les rattraper. Lorsqu’il débouche finalement sur le groupe, rassemblé dans une éclaircie au milieu des taillis, c’est juste à temps pour voir Vayne se faire broyer le crâne par les mâchoires puissantes d’une des créatures. Et voir les autres se jeter voracement sur le cadavre.
Réalisant qu’il arrive trop tard pour sauver Vayne, il voit de nombreux regards se tourner vers lui alors que les crocs des créatures dégoulinent du sang de leur victime. En une fraction de seconde, il comprend qu’il vient de se jeter dans la gueule du loup. Il ne pourra rien faire pour sauver sa vie non plus. Avant que 3 bêtes ne se jettent simultanément sur lui pour l’éventrer, il a le temps de songer qu’au moins il part la conscience tranquille en ayant tout fait pour tenter de sauver ses compagnons.
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Par précaution, Zoryynn décide de quitter le chemin pour passer par les broussailles, espérant avancer plus à couvert. Se frayer un chemin à travers les bosquets et les épineux n’est pas une mince affaire. Très vite de multiples plaies se forment sur ses jambes et sur ses bras. L’avancée est compliquée, laborieuse et fatigante. Même son habitude à se faufiler dans les endroits étroits et dangereux pour semer les gens d’armes ne lui apporte que peu d’aide. Plus le temps avance, plus il se demande s’il a fait le bon choix mais revenir en arrière est impossible. A force de méandrer pour éviter les racines et les troncs au travers de son passage, il ne distingue plus le sentier. Et ne saurait dire par où le rejoindre.
Soudain, un bruit à quelques mètres derrière lui le fait frémir. C’est un grognement bas et rauque qu’il a déjà entendu. Lentement il se retourne. Le groin au ras du sol, à quelques mètres de là, une bête remonte sa piste. Son travail facilité par les petites traces de sang qu’il a laissées ici et là. La bête s’arrête à une dizaine de mètres de lui. Les yeux humains croisent les yeux rouges et porcins. Le grognement dans la gorge devient une fois encore plus fort, plus hypnotique. Zoryynn ne peut plus bouger un muscle comme en transe alors que la bête s’approche inexorablement de lui. Alors qu’elle n’est plus qu’à un mètre, Zoryynn sent ses jambes lâcher et il tombe à genoux.
Son regard se fixe dans celui de la créature, dans lequel il distingue une étincelle de plaisir morbide à voir cette proie offerte. Il sent cette dernière s’approcher encore un peu, ouvrir grand la gueule en tournant la tête. La dernière pensée consciente de Zoryynn est la sensation de froid que lui cause les crocs sur son cou.
Puis le son étouffé d’un craquement lugubre.
Et plus rien.
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Aëla aussi de son côté à décidé de jouer de prudence en se cachant accroupie dans les broussailles. Elle retient son souffle alors que les pas se rapprochent peu à peu depuis le sentier vers l’endroit où elle se cache. Groin au sol, une bête remonte sa piste. Visiblement avec plus de difficultés que celle ayant pisté Zoryynn puisque l’apothicaire à réussi à éviter le moindre saignement à l’inverse du voleur. Aëla bloque complètement sa respiration, alors que la bête vient renifler quasiment juste devant ses pieds. Mais celle-ci se détourne de la zone et poursuit sa route le long du sentier.
Alors qu’Aëla se permet une souffler un coup, elle aperçoit du coin de l’œil la bête qui fait demi-tour et revient vers elle. Elle furette et cherche à quelques mètres, semblant sentir quelque chose à proximité mais sans parvenir totalement à localiser sa proie. Puis soudain, la créature lève le nez du sol et fixe son regard dans celui d’Aëla à travers les épineux. Avant même que la jeune femme ne puisse faire quoique ce soit, la créature franchit d’un bond puissant la distance qui les sépare et la renverse. Les pattes arrières lui labourent le ventre et les entrailles. Ses crocs saisissent la gorge délicate pour la broyer dans pitié.
Le hurlement de terreur et de douleur d’Aëla s’arrête net, alors même que sa nuque se brise sous la puissance de la morsure.
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Sans perdre une seule seconde, Asasir et Epione se précipitent vers le sentier de l’est. Ils courent du plus vite qu’il n’ont jamais couru, espérant que ce soit suffisant pour semer les créatures qui semblent à leurs trousses. Tout à la fuite, ils ne remarquent pas que la lueur vers laquelle ils se dirigent se fait de plus en plus forte. A bout de souffle, ils débarquent alors dans une clairière. Au centre de celle-ci se trouve une mare de laquelle émane la lueur d’un doré profond. Surpris les deux hommes s’arrêtent de courir.
Pour le moment, aucun son ne semble provenir du sentier, peut-être les créatures ont-elles abandonné la poursuite. Alors qu’ils soufflent de soulagement, un bruit de cloche se fait soudain entendre dans la clairière. Levant la tête vers la trouée dans les arbres, Asasir constate que le ciel s’éclaircit rapidement et que l’aube approche. Epione lui reconnaît le son des cloches du couvent juste à la sortie de leur village. Vu la couleur du ciel, ce doit être l’angélus qui sonne. Suivant à l’oreille le son des cloches, ils découvrent avec stupeur que celui-ci semble provenir de la mare. En se penchant légèrement il leur semble même apercevoir furtivement dans le reflet de l’eau un clocher.
Asazir et Epione échangent un regard circonspect. Doivent-ils tenter de plonger dans cet étrange mare ou chercher une sortie plus conventionnelle aux alentours ?
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Max hurle de douleur alors qu’elle est traînée par le bras dans les profondeurs de la forêt. La course est de courte durée. Très vite, la bête l’entraîne dans une petite grotte où elle la relâche finalement. Prête à vendre chèrement sa peau, Max tente de se redresser quand une vive douleur la fait se plier en deux. Sa jambe est brisée, sans doute à cause de sa chute. Alors qu’elle retombe sur les fesses, toujours surprise de ne pas avoir été mise à mort, elle aperçoit de petites silhouettes qui s’approchent d’elle.
Le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité de la grotte, elle réalise alors qu’il s’agit d’une portée. Les jeunes semblent ne pas avoir encore quitté la grotte, trop petits sans doute pour s’aventurer à l’extérieur. Avec précautions, ils s’approchent d’elle, poussant de petit grognement loin d’égaler ceux de leur mère. Max tente de ramper vers la sortie mais la femelle la rattrape par le bras et la traîne de nouveau au milieu de la grotte. Puis elle se met à pousser de petit cri à l’intention de ses petits. L’un d’eux, un peu plus gros et plus brave que les autres s’approche alors de l’intruse. Il la fixe de ses yeux rouge avant de mordre fermement dans sa jambe brisée. Max pousse un hurlement de douleur qui fait aussitôt reculer la meute.
De nouveau, la mère grogne et un second petit vient à son tour tenter sa chance et mordre dans la proie rapportée. Un à un, alors que Max tente vainement de se défendre avec un bras et une jambe brisés, les petits viennent mordre. Qui dans une jambe, qui dans une main, qui au niveau du ventre. Finalement, après que chacun des petits soit venu porter un coup à l’humaine, la mère s’approche et d’un simple coup de croc bien placé brise la nuque de Max qui ne peut qu’accueillir avec soulagement la fin de la douleur.
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Pwesci descend de l’arbre aussi vite qu’elle le peut tout en évitant de tomber. Elle espère pouvoir arriver au plus vite pour sauver Max, même si elle ne sait pas vraiment comment elle pourra agir. Alors qu’elle remonte la trace de la bête, dont la traque est facilitée par la longue trace de sang au sol, elle finit par arriver devant une grotte. Avec précaution, elle s’avance devant l’entrée.
Le spectacle à l’intérieur lui donne un haut le cœur. 7 ou 8 jeunes créatures sont en train de dévorer tranquillement Max. Il est trop tard, elle ne peut plus rien faire. Pire que tout, elle réalise soudain qu’elle se trouve juste devant une tanière, à moins de 5 mètres d’une portée. Alors que la panique l’envahit, un grognement terrible dans son dos l’informe que la mère n’apprécie guère de voir une humaine si près de sa portée.
Pwesci a à peine le temps de se retourner que la créature la charge à pleine puissance. L’impact la fait voler contre la cloison en pierre de la grotte. Elle entend un terrible craquement résonner dans tout son être alors que le froid l’envahit rapidement. Colonne brisée, a-t-elle le temps de songer avant que le noir ne l’emporte définitivement.
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Asazir et Epione échangent un regard alors qu’ils se rapprochent de la mare. Au-dessus de leurs têtes le ciel s’éclaircit et quelque chose en eux semble leur souffler qu’il y a urgence. Derrière dans les broussailles, un cœur de hurlements s’élèvent et une cavalcade se fait entendre, comme si les créatures savaient leurs proies sur le point de s’échapper. Sans plus hésiter, les deux hommes plongent dans cette eau étrange et lumineuse. Un vertige les saisit au moment où ils touchent l’eau et ils se sentent aspirés dans une sorte de tourbillon. Des flashs dorés et noirs alternent devant leurs yeux. Le son des cloches se fait de plus en plus fort, puis tout devient noir.
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Le petit village se réveille au son de l’angélus et chacun se lance dans ses tâches matinales habituelles. Un cri retentit soudain dans l’auberge du village. Il a été poussé par l’un des voyageurs qui, dans la chambre commune, vient de découvrir le corps éventré du chevalier qui s’était arrêté pour la nuit à l’auberge. Un autre hurlement brise la stupeur générale. Il provient du moulin sur la rivière. Tout le monde s’y précipite pour découvrir le corps du meunier, gisant dans son lit et partiellement dévoré.
Au même instant, au détour d’une ruelle, un garde trouve le cadavre d’un des tire-laines du village. Son cou porte une trace nette de brisure accompagnée de larges traces de morsures. Ce sont les mêmes traces qui seront retrouvées quelque instant plus tard sur le cadavre d’une des apothicaires, gisant dans son lit la gorge broyée. Dans le lit voisin, la seconde apothicaire n’aura visiblement pas eu cette chance, comme le meunier, elle semble partiellement dévorée.
Le troisième apothicaire lui se réveille difficilement au son du brouhaha autour de lui. Avec surprise, Asazir constate qu’il est de retour dans son lit. De nombreuses griffures parsèment ses mains et ses jambes. Sa tenue de nuit est déchirée, dont une partie sert de bandage autour de ses mollets. Ses muscles sont douloureux, comme s’il avait passé la nuit à courir. Alors que son regard se pose sur les corps mutilés de ses deux collègues, une petite voix en lui lui souffle qu’il a eu beaucoup de chance de survivre à cette nuit.
Dans la cabane de bûcherons, la stupeur règne aussi. La bûcheronne vient d’être retrouvée gisant morte dans son lit, le corps complètement tordu ne laissant aucun doute sur le fait que sa colonne vertébrale a été violemment brisée. Le bûcheron lui semble hagard, encore un peu perdu, comme sortant d’un cauchemar. Epione, comme Asazir peine à se remettre de cette nuit d’horreur. Son lit porte quelques traces de sang, ce sang qui s’écoule encore légèrement des nombreuses griffures qu’il porte aux mains. Alors que son regard se dirige vers la forêt à la sortie du village, un lourd frisson le parcourt. Il ne sait pas s’il aura le courage de retourner dans la forêt ces prochains jours. Mais au moins, il a survécu.