Le Veilleur, Volume 3

Les Ennemis de l’Ombre

La Dovahkin venait d’être enlevée, par la Confrérie Noire semblait-il, Szordrin était arrivé trop tard. Il avait suivi tant bien que mal la trace de l’agent de la Confrérie jusqu’au marais de Mortal, mais une fois encore, le dunmer était arrivé trop tard. Aëla s’était débarrassée seule de la fameuse Astrid, mais elle n’était pas hors de danger… Loin de là.

La dovahkiin venait de sortir de la cabane perdue dans les marais de Mortal et semblait se diriger vers ouest. Szordrin l’observait depuis les hauteurs d’un arbre mort lorsqu’il aperçut une silhouette dans la brume. Soudainement, il sentit une vive douleur dans la nuque. Il en extirpa une fléchette, certainement empoisonnée. L’elfe noir descendit alors de l’arbre précipitamment et dégaina sa dague en cherchant son ennemi. 

L’agent d’Azura erra de longues minutes dans la brume qui semblait s’épaissir de seconde en seconde avant de finalement distinguer une forme allongée au sol. Il s’approcha et reconnut enfin Aëla. Il s’approcha doucement, toujours aux aguets. Elle semblait dormir, étrange…

Il pensait s’être arrêté pour observer mais Szordrin se rendit compte qu’il continuait à avancer vers la dovahkiin, prêt à frapper avec sa dague. Lorsqu’il s’en rendit compte, il voulut s’arrêter, mais il ne contrôlait plus son corps. Le dunmer commença alors à paniquer, l’une de ses plus grandes craintes commençait à se réaliser : perdre le contrôle ! Szordrin fit un effort hors du commun et à l’aide de sa main gauche il tenta de stopper sa main droite. La lame de la dague s’arrêta à une vingtaine de centimètres de la gorge de la bosmer. La peur tenait le ventre de l’agent d’Azura alors qu’il luttait contre lui-même.

Malgré la force qu’il mettait pour retenir son bras, la lame ne cessait de se rapprocher. La vie de la dovahkiin était plus importante que la sienne à ses yeux et la situation le terrifiait… Dans un ultime effort, l’elfe noir dévia alors la trajectoire de son bras et la lame vint se planter dans sa cuisse. Il réprima un hurlement de douleur. Il retira la dague et rouvrit les yeux, le corps d’Aëla avait disparu… Une illusion…

Un craquement de branche dans son dos. Du coin de l’œil, Szordrin vit le reflet d’une dague qui fonçait vers sa gorge. Il pivota rapidement, dévia le bras de son assaillant à l’aide du sien puis d’un coup vif, planta sa dague le premier, dans la gorge de son agresseur. L’elfe noir se figea, un rictus de terreur au visage… C’était le visage de la dovahkiin qui lui faisait face. L’agent d’Azura rattrapa le cadavre juste avant qu’il ne touche le sol, des larmes coulaient de ses yeux. Il serra le corps d’Aëla contre lui, il avait échoué.

Soudainement, comme si son esprit se remettait à fonctionner, il se rappela de l’illusion qu’il venait de voir avant de se faire attaquer. Il rouvrit les yeux et observa le cadavre qu’il tenait dans les mains. Un assassin, visiblement de la confrérie noire. Szordrin hurla de rage, jeta le corps de l’assassin de toutes ses forces. Il se releva en dégainant son épée. 

Tout autour de lui, dans la brume, se dessinaient des silhouettes. Szordrin empoigna son arme des deux mains et se mit en garde. Les silhouettes continuaient à avancer et prirent forme. Chacune d’entre elle était une copie conforme  de l’elfe noir tenant une copie d’Aëla, une dague sous la gorge. Il s’était vu perdre le contrôle mais maintenant il se voyait faire, sans pouvoir s’en empêcher. L’une des copies trancha la gorge de sa prisonnière.

– NOOOOOON !, cria Szordrin sans pouvoir s’en empêcher.

Il saisit une de ses dagues de jet et la lança droit vers une autre copie. La dague atteignit le crâne de sa cible. La copie tomba raide morte et son otage disparu dans la brume. Assez ! Se dit l’elfe noir. Les autres copies commençaient à reprendre leur vraie forme.

– Assez !, hurla-t-il. Tout ceci n’est qu’illusion. Si vous voulez me tuer, ça ne sera pas de terreur. Venez-vous battre !

Szordrin regardait un à un ses adversaire lorsqu’il ressentit une vive douleur dans le dos. D’un rapide coup d’œil, il y vit une flèche plantée. Ces lâches le craignaient et n’osaient l’approcher. L’elfe noir n’avait plus beaucoup de choix. Il chargea l’assassin le plus proche. Il attaqua à deux reprises, l’autre esquiva. L’elfe noir feinta ensuite une attaque large mais frappa du pommeau au visage. Il asséna un deuxième coup, brisant le front de son adversaire, puis il trancha net. L’assassin rendit l’âme avant de tomber sur le sol. L’agent d’Azura fît ensuite volte-face. Les autres tueurs approchaient.

Trois adversaires faisaient face à Szordrin, armés de lames courtes et de poignards. Ils ne lui laissèrent aucun répit, attaquant rapidement et sans relâche. L’elfe noir avait déjà reçu plusieurs coups de lame lorsqu’il trouva une ouverture. L’un des assassins venait de perdre l’équilibre en s’enfonçant dans la vase, et un autre venait de louper son coup de peu. Le dunmer enveloppa alors le bras de celui qui venait de le manquer et d’un geste sec, le lui brisa. Il envoya ensuite un violent coup de pied sous le menton de l’autre.

Le dernier passa à l’attaque mais Szordrin se protégea avec le premier assassin. Le maintenant toujours par le bras cassé, il le plaça entre lui et son assaillant. La lame du dernier assassin traversa son camarade. D’un geste, il frappa son dernier adversaire valide par dessous son “bouclier”, sa lame frappa à la gorge. Une fois son épée dégagée, l’elfe frappa à trois reprises, trois corps tombèrent.

Une flèche toujours planté dans le dos, de multiples blessures continuant de saigner, Szordrin marcha vers l’ouest. Sorti de la brume, il aperçut alors au loin Aëla, se dirigeant vers Pondragon. Un sourire de soulagement se dessina sur ses lèvres. Il ne l’avait pas tuée et les assassins non plus. Il arracha la flèche de son corps puis s’allongea sous un arbre, le crépuscule approchait.

Szordrin rouvrit finalement les yeux à Ombre de Lune. Ses blessures avaient cicatrisées. Il fit jouer ses articulations en se levant, Azura lui faisait face.

– Une fois de plus, tu as accomplis ta destinée, dit la Dame. Malheureusement, le danger n’est pas totalement écarté. La dovahkiin va se rendre à Solstheim et là-bas elle sera en grand danger. Tu devras monter à bord du même navire qu’elle. Ton aide discrète lui sera une fois de plus utile.

– Assez, annonça le dunmer. Je ne veux plus me battre pour vous. Je ne supporte plus ce combat.

– Tu oserais quitter mon service ? demanda Azura, hautaine.

L’elfe noir dégaina son épée et la planta dans le sol.

– Je ne vous servirais plus. J’ai frôlé la mort et cela ne me faisait guère peur, mais je sais maintenant une chose. En vous servant, j’ai perdu mon libre arbitre, je veux maintenant pouvoir faire mes propres choix.

La Dame regarda le mortel qui lui faisait face avec mépris et une pointe de colère.

– Alors va ! Pars. Mais sans mes bénédictions. Tu n’es plus rien à présent.

Une lumière vive émana de la daedra et Szordrin dû fermer les yeux. En les rouvrant, il se retrouva à nouveau dans les marais. Mais alors qu’il regardait les étoiles dans le ciel, il sentit un liquide chaud lui couler sur la main. Du sang… ses blessures s’étaient rouvertes à la perte de ses dons. Le dunmer se tourna vers l’est, vers Mortal. Il fit trois pas puis s’effondra…

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